C'est après une année de retard que le Congrès de l'union locale UL/UGTA d'El Khroub s'est déroulé ce lundi dans l'amphithéâtre de la cité universitaire (filles) de Mohamed Seddik Benyahia. Etaient présents, outre les délégués, des invités de la centrale syndicale, des secrétaires des fédérations, des secrétaires de UL/UGTA et de l'union de wilaya UW/UGTA, des kasmas du FLN et de l'ONM ainsi que des PDG des entreprises et le P/APC de la commune d'El Khroub qui a pris en charge la restauration des délégués. D'emblée, il faut noter qu'un mouvement de contestataires s'est opposé à la façon antidémocratique de la préparation du congrès. Bref ! L'ouverture des « travaux » a commencé par une minute de silence suivie par l'hymne national qui a été entendu jusqu'au passage qui glorifie le FLN avant d'être interrompu subitement ! La poursuite des « travaux » a consisté à présenter des félicitations (tachakourate) et des remises de prix entre les syndicalistes anciens et nouveaux qui se sont relayés dans le contrôle des appareils syndicaux dans un conclave digne du stalinisme de l'ex-parti unique, sinon pire. Néanmoins, l'on a enregistré quelques interventions qui remettent en cause l'ordre établi de l'unique partenaire social des pouvoirs publics. Ainsi, le délégué retraité dira que « la catégorie de ceux qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes aimerait bénéficier des fruits de la croissance tant galvaudée par le gouvernement, tout en s'interrogeant sur la capacité du pouvoir à mettre en œuvre les réformes proclamées alors qu'il est incapable de privatiser les ex-souks el fellah ».Le délégué du complexe SNTA posera le problème de « la représentativité du syndicat d'entreprises qui n'a pas renouvelé ses structures en dépit du renouvellement des syndicats des 18 unités réparties à travers le territoire national ». Pour rappel, ce complexe connaît deux structures qui se disputent la représentativité. L'une élue au suffrage universel et l'autre désignée par l'allégeance (moubayaâ). Une intervenante de Naftal soulèvera « le comportement de syndicalistes qui préconisent à l'employeur le licenciement des travailleurs et abusent de leur immunité syndicale pour faire ce qu'ils veulent sauf défendre les intérêts des travailleurs ». Cette même déléguée reprochera à certains syndicalistes le fait de « ne pas revendiquer clairement leur appartenance politique au FLN » ! Le représentant du complexe moteurs tracteurs, qui fut éclaboussé par une affaire de vol de pièces qui a été mise sous le boisseau, demandera « la révision des lois 90/11 et 90/14 qui entravent les libertés syndicales ». A préciser que ce complexe, selon l'avis de beaucoup de travailleurs, vit au rythme d'une régression en matière de renouvellement de la force de travail après le départ des anciens ouvriers mis en retraite et/ou à la suite du plan social relatif à la restructuration induite par le plan d'ajustement structurel (PAS). En revanche, tous les orateurs et dans les coulisses reconnaissent le bien-fondé du changement de la politique syndicale arrimée au pouvoir en demandant l'autonomie de l'UGTA. Un délégué des enseignants expliquera : « L'hémorragie qui secoue les rangs de l'organisation est due principalement à la gestion de la rente des œuvres sociales du secteur de l'éducation. » Sinon, ajoutera-t-il, « en quoi les autres organisations, dites autonomes, se prévalent-elles sur la nôtre ? »En effet, « ces dernières engagent des actions mobilisatrices sans consulter démocratiquement la base », soufflera un délégué. Un autre représentant du même secteur expliquera « la difficulté du redéploiement de l'UGTA qui s'inscrit dans la politique du système en place sans pour autant opposer une autre politique alternative qui tient compte du socle mouvant du système socio-économique pour le dépasser afin de cristalliser les forces sociales dans le sens du progrès ». A noter que cette communication a été très suivie et applaudie. Enfin, le congrès a reconduit pour l'essentiel les membres de la direction sortante. C'est dire la complexité et le décalage existant entre les aspirations des syndicalistes prisonniers des appareils et la réalité insaisissable du mouvement social.