Photo : Hacène Par Faouzia Ababsa L'Union générale des travailleurs algériens a commémoré hier, au siège de la Centrale, le cinquantième anniversaire de l'assassinat d'Aïssat Idir, l'un des fondateurs de ce qui est aujourd'hui l'UGTA. La cérémonie s'est déroulée en présence d'Abdelmadjid Sidi Saïd, des membres du secrétariat national et de plus d'une centaine de cadres syndicaux. Etaient également présents l'ex-secrétaire général de l'organisation syndicale Tayeb Belakhdar -qui est depuis quelques années de toutes les manifestations organisées par l'UGTA ou encore des fédérations-, des anciens compagnons de Aïssat Idir, mais aussi son fils aîné Ahmed ainsi que le maire de Sidi M'hamed, Mokhtar Bourouina, Saïd Abadou, au nom de l'ONM et Seddik Chiheb, représentant le Rassemblement national démocratique (RND). Le patronat privé était également de la partie en les personnes de Merrakchi et Megatli. Des gerbes de fleurs ont été déposées au pied de la stèle construite sur l'esplanade de la Centrale. C'est au premier responsable de l'Organisation nationale des moudjahidine qu'échoira la tâche de faire une allocution pour louer les mérites du martyr. Aïssat Idir, très peu de gens connaissent les circonstances de son décès, les soldats français avaient tout mis en œuvre pour faire croire à son suicide en brûlant son lit à l'intérieur de sa cellule. Très peu de gens (notamment la génération post- indépendance) connaissent le parcours militant de cet enfant de Djamaa Saharidj (Tizi Ouzou), diplômé en droit et sciences économiques à l'université de Tunis où il s'était exilé. Tunis d'où il suivra toutes les étapes de la création de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT). D'ailleurs il se liera d'amitié avec le fondateur de l'UGTT, Ferhat Hached. Aïssat Idir a intégré le Parti du peuple algérien assez jeune. Il milita aussi au sein du PPA. Il intégra également les comités de jeunes de Belcourt créés par Mohamed Belouizdad aux côtés duquel il militera sans relâche. Parmi les décisions du congrès du PPA-MTLD en février 1947 à Belcourt, la création de la Commission centrale des affaires sociales et syndicales dont la direction est donnée à Aïssat Idir. C'est à partir des activités de cette commission, entre autres les grèves, que mûrit l'idée d'élargir la structure en créant carrément une centrale syndicale, la CGT (syndicat français dans lequel militaient des travailleurs algériens) n'ayant pas pris en charge la revendication de l'indépendance de l'Algérie. C'est ainsi que naissait le 24 février 1954 l'Union générale des travailleurs algériens qui allait insuffler une autre dimension à la guerre de libération. Aussitôt, une demande d'affiliation à la confédération des syndicats libres a été introduite par Aïssat Idir. Le fondateur de l'UGTA sera arrêté par l'armée française. Son procès se déroulera en janvier 1959. Devant les magistrats militaires, il aura cette réplique : «L'émancipation politique et sociale de nos camarades travailleurs n'est possible que dans une Algérie indépendante. Nous nous sommes prononcés clairement bien avant 1954. Notre cadre national et international d'action est le syndicalisme libre auquel nous avons l'honneur d'appartenir.» Il sera jeté en prison puis subira les pires tortures avant de rendre l'âme à l'hôpital suite à ces sévices.