Le président tunisien Moncef Marzouki, en visite hier dans le gouvernorat de Kasserine (centre-ouest) pour rendre hommage aux «martyrs» de la révolution, a été hué et empêché de terminer un discours par des jeunes chômeurs, selon la radio Mosaïque FM et un habitant de la ville. Selon un témoin à Kasserine, M. Marzouki a été accueilli à son arrivée au gouvernorat par un groupe de 200 à 300 jeunes qui réclamaient du travail et qui criaient : «Marzouki Dégage !», «Jebali dégage !». Le président Marzouki et le Premier ministre Hamadi Jebali effectuaient une visite à Thala et Kasserine pour rendre hommage aux martyrs de la révolution dont la Tunisie s'apprête à fêter le premier anniversaire le 14 janvier. Ces deux villes ont payé un lourd tribut – au moins 25 morts – lors de la répression du soulèvement de 2010/2011 qui a abouti à la fuite de Ben Ali. M. Marzouki, qui devait prononcer un discours, a dû quitter les lieux, selon la radio Mosaïque FM, tandis que les jeunes protestaient contre «les promesses non tenues» envers les régions déshéritées de la Tunisie. Auparavant, lors d'une séance de travail avec les représentants régionaux, M. Jebali avait annoncé le lancement d'une consultation nationale sur le développement des régions de l'intérieur du pays. «Il est temps de dépasser l'écart entre les régions et de rectifier le processus injuste de l'ancien régime», a déclaré M. Jebali selon l'agence TAP, en précisant que des mesures seraient annoncées à la mi-mars à l'issue de la consultation. Le soulèvement populaire est parti des régions déshéritées du centre du pays, ignorées sous l'ancien régime qui a privilégié les zones côtières et touristiques. Mais un an après la révolution, le mécontentement reste très fort dans ces régions frappées par un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale de 19%.