S'il est vrai qu'une barrière vient d'être abattue dans l'affaire du rachat par l'Etat algérien d'une partie majoritaire des actions d'Orascom Telecom Algérie (OTA), la transaction est, néanmoins, loin d'être acquise. Le groupe russe Vimpelcom, qui possède 51,7% d'Orascom Telecom Holding (OTH), qui, à son tour, détient 96,81% d'OTA, a annoncé, hier, dans un communiqué, que le protocole d'entente «non contraignant» conclu avec le gouvernement algérien servira d'une simple base afin «d'étudier la vente éventuelle à l'Etat algérien par Orascom Telecom Holding d'une participation dans sa filiale Orascom Telecom Algérie». Cette précision vient corriger un pas de danse raté du ministre de la Poste et des TIC qui s'était appliqué, dimanche, à annoncer à brûle-pourpoint et par le moyen d'un verbe affirmatif l'acquisition par l'Etat d'une action majoritaire (51%) dans Orascom Telecom Algérie. Mais tout compte fait, tout n'est pas encore acquis. «Vimpelcom a convenu qu'il étudiera la vente d'une participation majoritaire dans OTA, sous réserve d'un prix acceptable et la satisfaction des autres conditions. Les deux parties (le gouvernement algérien et Vimpelcom) ont également convenu d'examiner les scénarios d'acquisition alternatifs qui pourraient être mutuellement bénéfiques aux deux parties», lit-on dans le communiqué de Vimpelcom diffusé hier. Si Moussa Benhamadi voulait insuffler de l'optimisme après plusieurs mois de guéguerre opposant tantôt le gouvernement algérien à OTH, tantôt à Vimpelcom, le ministre de la Poste et des TIC est allé un peu plus vite en besogne, puisque le fond du casse-tête n'a pas été encore résolu. L'accouchement n'est donc pas si imminent, contrairement aux allégations du ministre de la Poste et des TIC qui annonçait, presque affirmativement, une transaction acquise. En économie, il s'agit d'un achat non encore effectif. Le ministère des Finances n'a pas hésité également à faire, hier, dans un communiqué, une annonce semblable à celle de Moussa Benhamadi, en affirmant, sans réserve aucune, que le groupe «a accepté de céder à l'Etat algérien la majorité du capital de l'opérateur téléphonique Djezzy». Le groupe russe Vimpelcom, qui avait racheté en mars l'italien Wind Telecom qui détenait 51% d'OTH, a précisé, hier, que la transaction en question «sera soumise à, entre autres choses, une entente mutuelle sur les prix». Vimpelcom avait évalué Djezzy à 8 milliards de dollars, une estimation jugée «trop excessive» par le gouvernement algérien qui a décidé de faire recours à une expertise étrangère. En outre, il est également indiqué que «suite à la signature du protocole d'entente avec le ministère des Finances, un processus d'accord sur la valorisation d'OTA sera entrepris avec la participation de conseillers financiers de chaque partie. La transaction exigera également des approbations par OTH et Vimpelcom». Ce groupe russe, tenu de respecter les règles de transparence imposées par les marchés financiers, étant donné qu'il est coté dans plusieurs Bourses, semble jouer le pragmatisme face à l'effervescence politicienne des dirigeants algériens. Ceux-ci s'emploient sans relâche à éviter un remake de l'affaire Lafarge quitte à perdre toute la mise sur l'image du pays à l'étranger. La partie algérienne s'acharne à opposer le veto que constitue le droit de préemption introduit en 2009 par la loi de finances complémentaire pour justifier le rachat des actifs d'OTA qui commercialise la marque Djezzy. Vimpelcom a tenu à préciser que la gouvernance future d'OTA et le contrôle de sa gestion se feront conformément aux normes internationales d'information financière. Si le gouvernement avait bien fini par négocier avec Vimpelcom, il sera appelé à faire d'autres concessions sur le montant du rachat afin d'éviter, cette fois-ci, le recours à l'arbitrage international.