Le président Abdelaziz Bouteflika sera à Tunis la semaine prochaine pour participer aux festivités officielles de l'an I de la Révolution du 14 janvier qui a chassé Zine Al Abidine Ben Ali et Leïla Trabelsi, son épouse, du pouvoir. L'annonce a été faite par la présidence tunisienne à travers un communiqué rendu public à Tunis le 9 janvier et transmis aux rédactions d'Alger à travers l'ambassade de Tunisie. «Les relations et historiques stratégiques qui relient nos deux pays sont anciennes», a écrit le palais de Carthage dans ce qui ressemble à une mise au point aux écrits et analyses de presse sur les dernières déclarations du président Moncef Marzouki sur l'Algérie, lors d'une récente visite en Libye. Moncef Marzouki est revenu sur l'interruption du processus électoral en Algérie en 1992. «Si les Algériens avaient accepté les résultats du vote, le pays n'aurait pas sombré dans la violence et les bains de sang», a-t-il dit, repris par des médias tunisiens. Selon lui, il faut respecter la victoire électorale des islamistes pour éviter la reproduction du scénario algérien. Il évoquait l'arrivée des islamistes au pouvoir en Tunisie et au Maroc. La présidence tunisienne s'est dit étonnée par les commentaires suscités par ces déclarations et a indiqué que Moncef Marzouki n'avait aucune intention de s'immiscer dans les affaires de l'Algérie. «Les propos du Président ont été dénaturés et accompagnés d'analyses erronées, dépourvues d'objectivité», a encore écrit la présidence tunisienne. Le journal tunisien en ligne Business News a évoqué «l'incident diplomatique» qu'auraient provoqué les propos de Moncef Marzouki. A Alger, les déclarations du chef d'Etat tunisien, connu pour son franc-parler et son engagement pour les droits humains, n'ont pas de suscité de réactions officielles. Hier, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, a, dans une interview au quotidien Liberté, souligné que les relations avec la Tunisie et l'Egypte sont excellentes : «Certains auraient souhaité que nous allions voler au secours des révolutions de pays voisins. Ce n'est pas dans la tradition algérienne», a-t-il soutenu. La présidence tunisienne, qui a souligné «le respect total et absolu par la Tunisie de la souveraineté de l'Algérie, président, gouvernement et peuple», a annoncé la venue prochaine à Alger de Moncef Marzouki. Cette visite serait programmée pour le 19 janvier. Le président tunisien devrait également se déplacer au Maroc et en Mauritanie à la faveur d'une tournée maghrébine. Par ailleurs, la présidence tunisienne a confirmé la nomination, le 9 janvier 2011, de Abdelkader Hadjar comme ambassadeur d'Algérie à Tunis. «Cette nomination n'a pas respecté les traditions diplomatiques qui prévoient 48 heures au moins pour parachever la procédure. Cela confirme le caractère excellent et profond des relations entre la Tunisie et l'Algérie», est-il écrit dans le communiqué du palais de Carthage. Avant Tunis, Abdelkader Hadjar était en poste au Caire. Il a eu notamment à gérer, fin 2009, la crise entre l'Algérie et l'Egypte après le match qualificatif à la Coupe du monde de football.