Le président provisoire de Tunisie, Moncef Marzouki, a apporté hier un démenti formel quant à des déclarations tenues visant «une tentative d'ingérence dans les affaires internes de l'Algérie». Par le biais de l'agence d'information tunisienne TAP, la présidence de la République tunisienne a fait part de son «étonnement des articles et commentaires publiés par certains journaux arabes qui ont dénaturé la teneur du discours du président Marzouki en Libye, insinuant une tentative d'ingérence dans les affaires intérieures de l'Algérie». «Dans une déclaration rendue publique, lundi soir 9 janvier 2012, la présidence de la République affirme que les relations historiques et stratégiques entre la Tunisie et l'Algérie ne peuvent être altérées par des analyses erronées qui manquent d'objectivité et de sources sûres», précise la TAP tout en ajoutant que «la présidence de la République souligne le respect total et absolu par la Tunisie de la souveraineté de l'Algérie, président, gouvernement et peuple». La même source annonce que le président de la République Abdelaziz Bouteflika visitera la Tunisie à l'occasion de la célébration du premier anniversaire de la révolution du 14 janvier. Dans sa déclaration, la présidence tunisienne a rappelé «l'importance des relations entre les deux pays frères» et «la volonté du chef de l'Etat de les consacrer et de les promouvoir». Abdelkader Hadjar, ambassadeur à Tunis On apprend également que le président provisoire Marzouki, a approuvé, hier, la nomination d'Abdelkader Hadjar en qualité d'ambassadeur algérien extraordinaire et plénipotentiaire. Pour la présidence tunisienne, «cette approbation, qui passe outre les traditions diplomatiques en vigueur, prévoyant 48 heures au moins pour parachever cette procédure, vient confirmer le caractère excellent et profond des relations entre la Tunisie et l'Algérie». Selon certains médias ayant assisté à la visite de Marzouki en Libye, le président tunisien aurait tenu un discours «peu diplomatique à l'égard de l'Algérie, interférant dans des affaires politiques». Selon la presse, l'ancien représentant d'Amnesty International a trouvé normal que les islamistes l'aient emporté dans les «pays du Printemps arabe» et a affirmé que les partis islamistes au pouvoir en Tunisie, en Egypte ou au Maroc ont des programmes qui «sauvegardent les libertés et les acquis dont jouissent les peuples arabes, notamment, en ce qui concerne, les droits de la femme et son importance dans la société». Mais là où ses déclarations ont suscité des réactions et des critiques, c'est quand il a évoqué l'expérience démocratique algérienne des années 90. Il aurait affirmé qu'il fallait respecter «la victoire des islamistes sous peine de voir se répéter un incident à l'Algérienne dans les années 90». Marzouki aurait ajouté que si les «Algériens avaient accepté les résultats des votes, le pays n'aurait pas sombré dans la violence et les bains de sang». Moncef Marzouki a frôlé, selon les analystes, «l'incident diplomatique». Le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci a apporté il y a quelques jours une réponse au président Marzrouki. Il avait souligné dans un entretien à la radio que l'Algérie était souveraine et «elle n'a pas au cours de la décennie noire reçu d'aide d'aucune partie. Elle est aujourd'hui en mesure de partager son expérience avec les autres, mais elle n'a pas de leçons à recevoir». Selon des médias tunisiens, M. Marzouki avait oublié qu'il est chef de l'Etat et non plus un opposant.