L'Organisation des pays exportateurs de pétrole a décidé, hier à Vienne, de maintenir son plafond de production à 28 millions de barils par jour. Selon plusieurs ministres, l'accord a été unanime. La décision était attendue depuis plusieurs jours et le marché l'avait déjà intégrée. L'annonce du maintien des quotas actuels n'a pas eu d'incidence sur les prix. Au contraire, le marché a semblé ignorer le résultat de la réunion puisque les prix restaient hier au-dessus des 68 dollars le baril à New York et au-dessus des 66 dollars le baril à Londres. L'autre aspect important de la réunion est que l'Iran n'a pas proposé de réduire la production. Le ministre iranien Kazem Vaziri Hamaneh en personne a déclaré ne pas avoir proposé de réduire la production. D'autres ministres de pays membres de l'organisation ont confirmé l'information. Le ministre iranien est allé même jusqu'à démentir l'idée d'une utilisation de l'arme du pétrole dans le conflit qui oppose son pays aux pays occidentaux sur la question du nucléaire. « Nous n'avons aucune raison d'interrompre nos exportations » et l'Iran ne lie pas le pétrole à la question du nucléaire, a-t-il déclaré. Son pays ne mélange pas la politique avec les décisions économiques, a-t-il soutenu, précisant qu'au niveau de l'Opep, les décisions étaient prises par consensus. Lors de la conférence de presse organisée après la conférence, le président de l'Opep, le Nigérian Edmund Daukoru, a déclaré : « J'ai parlé avec le ministre iranien et il m'a assuré que pour leur part, ils n'ont jamais dit qu'ils allaient interrompre la production. » Cette donnée permet à l'Opep d'éviter des divergences en son sein et de maintenir le caractère commercial de l'organisation. Quelques semaines auparavant, l'Iran, qui est le deuxième producteur de l'organisation, avait annoncé officiellement qu'elle allait demander à l'Opep de réduire la production de un million de barils par jour en raison de la baisse de la demande au deuxième trimestre de l'année. Mais vu la hausse des prix que connaît le marché, prix qui se situent au-dessus des 67 dollars le baril, la proposition n'a pas rencontré un écho auprès des autres pays membres. Dans son communiqué officiel publié après la fin de la réunion d'hier, la conférence de l'Opep a indiqué qu'elle a passé en revue l'état du marché sur la base du rapport présenté par le comité de surveillance ministériel, notamment les perspectives de la demande et de l'offre en pétrole durant l'année 2006 en particulier pour les premier et deuxième trimestres. Elle a observé que les principes fondamentaux du marché sont restés en équilibre depuis la dernière réunion tenue au Koweït le 12 décembre 2005 avec des niveaux confortables pour les stocks et que les performances de l'économie mondiale continuent à être solides. La conférence a aussi noté que bien que le marché soit bien approvisionné en pétrole brut et que les niveaux des stocks pétroliers commerciaux dans les pays de l'OCDE étaient bons, les prix ont continué à progresser. Pour l'Opep, cela est dû aux problèmes des capacités de raffinage et à des facteurs non fondamentaux. La conférence, qui a rappelé que le rôle de l'Opep consiste à maintenir un niveau d'approvisionnement qui favorise la croissance économique, a exprimé ses inquiétudes concernant le degré de volatilité des prix et l'impact que peuvent avoir ces prix sur l'économie, notamment au sein des pays en voie de développement. C'est sur la base de toutes ces données que la conférence a décidé de maintenir les quotas actuels de production. Comme elle a confirmé la tenue d'une réunion ordinaire le 8 mars prochain à Vienne. A l'origine, la conférence extraordinaire d'hier avait été programmée pour étudier une réduction de la production à la veille du deuxième trimestre marqué généralement par une baisse de la demande avec la fin de l'hiver.