Il s'agit de la première visite officielle à l'étranger du nouveau chef de la diplomatie marocaine. Saâd-Eddine El Othmani sera reçu par le président Abdelaziz Bouteflika. La visite confirme une tendance au réchauffement des relations entre les deux pays amorcée depuis quelque temps malgré la persistance de nombreux contentieux. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du royaume du Maroc, Saâd-Eddine El Othmani, effectuera à partir de lundi une visite de deux jours en Algérie à l'invitation de son homologue algérien, Mourad Medelci, a indiqué hier le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, à l'Agence presse service (APS). Cette visite, affirme la même source, s'inscrit dans le cadre de «la dynamique constructive engagée par les deux pays à travers l'échange de visites ministérielles et la concertation pour raffermir les liens de fraternité et de coopération qui unissent les deux peuples frères». Selon Amar Belani, outre les relations bilatérales, les deux ministres «examineront les voies et moyens susceptibles de relancer l'Union du Maghreb arabe en réorganisant certaines de ses institutions et de ses mécanismes en vue d'une meilleure efficacité». Les deux parties évoqueront également «les questions régionales et internationales d'intérêt commun», ajoute le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. En effet, il s'agit de la première visite officielle à l'étranger du nouveau chef de la diplomatie marocaine, et la première aussi à ce niveau-là depuis longtemps entre les deux pays. Le chef de la diplomatie marocaine sera également reçu par le président Abdelaziz Bouteflika, précise le ministère des Affaires étrangères marocain. Arriver à ce stade d'échanges laisse entrevoir une espèce de réchauffement des rapports entre les deux voisins. Y aura-t-il un dégel des relations bilatérales comme souhaité par les deux pays ? Même si les contentieux sont importants, on a assisté ces derniers temps, de part et d'autre, à des déclarations de bonnes intentions. Le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, avait, lors de son discours prononcé le 14 janvier dernier à Tunis, mis en relief la ferme détermination de l'Algérie à relancer l'Union maghrébine. Le souverain marocain avait lui aussi, à maintes reprises, réitéré l'appel sans pour autant s'empêcher d'envoyer des piques, qui ont d'ailleurs rendu Alger insensible à ses insistantes demandes de rouvrir la frontière dont le royaume chérifien a été beaucoup concernant la fermeture. Si Alger a toujours refusé d'accéder aux sollicitations marocaines, c'est parce que les raisons sont claires et évidentes : la frontière ouest est plus une source de problèmes qu'une panacée pour la relance des relations entre les deux voisins. Cette visite de deux jours à Alger du chef de la diplomatie marocaine ouvrira-t-elle donc une nouvelle page dans les relations entre les deux pays ? Les derniers échanges développés dans le domaine économique pourraient constituer un nouveau départ, du moins les prémices d'un début de décrispation des relations bilatérales. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, déclarait récemment qu'il était temps «de se mettre à table pour parler sérieusement de l'Union du Maghreb arabe». Mais la fixation marocaine sur l'unique objectif d'ouvrir la frontière sans traiter des questions de fond qui empoisonnent les rapports algéro-marocains pourrait s'avérer néfaste pour le projet de relancer l'UMA comme pour les relations bilatérales qui risquent d'être maintenues au stade où elles sont aujourd'hui. Les responsables marocains donnent en tout cas l'air d'aller vite en besogne. C'est le cas surtout du nouveau chef du gouvernement marocain, issu du parti islamiste, Parti pour la justice et le développement(PJD), Abdelilah Benkirane, qui avait appelé en décembre à un rapprochement avec l'Algérie, susceptible, selon lui, de résoudre le problème du Sahara occidental. «Si nos différends avec l'Algérie sont réglés avec l'ouverture de la frontières, le problème du Sahara sera résolu. La fraternité avec l'Algérie résoudra tous les problèmes», avait-il déclaré. La visite du chef de la diplomatie du royaume chérifien aura à traiter de toutes ces questions. Quelles réponses donnera Alger aux demandes de Rabat ?