Le ministre marocain des Affaires étrangères, Saâd-Eddine El Othmani, arrive demain à Alger pour une visite de deux jours. C'est une très bonne chose si ce déplacement peut aboutir à des résultats concrets. Il faut dire que les relations entre nos deux pays sont au plus bas tant le contentieux qui les oppose est lourd. Et ce n'est pas le conflit du Sahara occidental qui est la cause de cette dégradation, quoi qu'en dise Rabat, car ce dossier est pris en charge par les Nations unies. Il faut espérer que le ministre ne vient pas avec une seule demande : la réouverture de la frontière algéro-marocaine. Nos voisins en ont fait leur seul cheval de bataille, croyant sans doute culpabiliser l'Algérie devant l'opinion internationale en se faisant passer pour des victimes. Ils n'ont même pas cherché à donner un début d'explication aux causes qui sont à l'origine de cette fermeture. L'Algérie a toujours exprimé une sincère volonté de discuter, avec un pays avec lequel tout doit nous unir, de tous les contentieux en suspens. Certains remontent à 1963 à la suite de la «guerre des sables» qui a été un prétexte pour le roi Hassan II pour déposséder de leurs terres de nombreux Algériens résidant au Maroc. Jusqu'à ce jour, aucun d'entre eux n'a été dédommagé alors que les propriétaires terriens français, nationalisés dans le cadre d'une loi sur la réforme agraire, ont eu des compensations financières notables. Chaque fois qu'il y avait une crise entre les deux pays, le palais royal se vengeait sur les Algériens résidant chez lui en les spoliant de leurs biens. Cela s'est vu notamment en 1975 avec l'éclatement du conflit du Sahara occidental et en 1994 à la suite de l'attentat perpétré contre un hôtel de Marrakech par des islamistes marocains et attribué injustement et délibérément aux services secrets algériens. A l'époque, le roi Hassan II le savait, mais il croyait qu'avec une telle accusation, il accentuerait l'isolement international de l'Algérie, confrontée à un terrible terrorisme islamiste. Mal lui en prit. Certes, les Algériens ne sont pas des enfants de chœur. Ils ont fait une grave erreur en expulsant, en 1975, des milliers de ressortissants d'origine marocaine, dont la plupart n'avaient plus d'attaches avec le Maroc. Ce sont tous les problèmes qui doivent être mis sur la table si l'ont veut discuter, avancer et, pourquoi pas, s'engager sérieusement dans l'édification du Maghreb. Sinon, il n'y aura aucune évolution et on restera dans les visites de courtoisie qui ne sont que des opérations hypocrites et de la poudre aux yeux qui ne trompent personne.