Dans une zone pastorale et de transhumance, au lieudit Haraz, situé à une vingtaine de kilomètres, au nord de Aïn Sefra, le jeune Moghrad Mejdoub, âgé de 15 ans, a été décapité sous l'effet d'une puissante déflagration d'une mine antipersonnel, datant de la période coloniale. Par l'impact des fragments, son frère M. Mohamed, 13 ans, a été gravement blessé, perdant un œil. Ce triste événement s'est produit sous les yeux de leur grand frère M. Boudjemaâ, 26 ans, présent sur place et non loin de la tente de leurs parents. Des parents accablés, traumatisés et impuissants devant l'irréparable. La jeune victime a été inhumée, jeudi, au cimetière de Sidi Boudjemaâ (Aïn Sefra) après la reconstitution du corps à l'hôpital. Dans l'adversité et la douleur et devant l'inconcevable fatalité, au cimetière, les visages des parents et des proches semblaient exprimer aussi l'enterrement de tous leurs espoirs. Certains faits méritent cependant d'être cités, à l'exemple du cas du jeune Morsli Boudaoud, âgé de 17 ans, qui, en novembre dernier, dans les environs de Mécheria, a été gravement blessé à la poitrine, aux pieds et aux yeux dont l'un a malheureusement été perdu. Ce dernier est actuellement handicapé à vie. Par ailleurs, lors des récents travaux de terrassement d'un terrain destiné à la construction de 80 logements dans la périphérie de la ville de Naâma, plusieurs mines antipersonnel ont été découvertes. Ces engins de la mort, qui demeurent jusqu'alors une menace permanente, ont été « semés » dans les années 1950, le long de nos frontières et connues sous la sinistre et macabre appellation de lignes Challe et Morrice. Un rapport indique que sur les 1049 km du frontière, 3 064 180 mines indétectables de type « encrier » ont été disséminées, causant des ravages jusqu'à présent. Selon un décompte établi en 2004, ces mines ont tué 40 000 personnes et près de 80 000 autres (hommes, femmes et enfants) ont été touchées dans leur intégrité physique. Malgré plusieurs opérations de déminage effectuées par les services spécialisés de l'armée, dont la plus récente remonte au tracé de la nouvelle ligne de chemin de fer, reliant Mécheria à Béchar (300 km). Néanmoins, certaines zones conservent encore différents types de mines à pression, bondissantes, à fraction et antigroupe. Des mines « plantées » avec la volonté de nuire et de détruire l'intégrité physique de l'Algérien.