Décédé lundi, à Paris, des suites d'une longue maladie, l'illustre auteur-compositeur algérien, Cherif Kheddam, sera enterré, vendredi prochain, dans son village natal, Boumessaoud, commune d'Imsouhal, daïra d'Iferhounene, à 60 kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou. Sa dépouille mortelle sera rapatriée de France, jeudi, l'après-midi, nous a affirmé l'un des cousins de l'artiste. Hier, dans le village de cette légende de la chanson algérienne, tout le monde se rappelle des qualités de cet homme au parcours indéniable dans le domaine artistique. D'ailleurs, en quelques mots, Tahar, un quinquagénaire rencontré sur la placette de cette bourgade pratiquement désertée par la moitié de ses habitants, nous a revisité le défunt comme il nous a également parlé de son enfance puisqu'ils étaient ensemble à l'école coranique du village. «On a commencé à étudier ensemble le Coran ici au village. Puis, lui, il est parti continuer à la zaouïa de Boudjellil, du côté de Tazmalt, à Béjaïa. Il était un homme modeste et calme. Cherif a quitté le village pour partir en France au milieu des années 1940. Il a, quelques années après, entamé sa carrière artistique», nous a ajouté ammi Tahar. Ce dernier se rappelle aussi de beaucoup de choses puisqu'il a côtoyé le défunt, notamment durant son enfance au village. «Il était courageux et plein de volonté. Il faisait le trajet du village jusqu'à Boudjellil, sur une distance de dizaines de kilomètres pour étudier à la zaouïa. Enfant, il était déjà doué pour l'art.» Nna Ouerdia, le veuve du cousin de l'artiste, une femme âgée de plus 70 ans, nous dira, pour sa part, que l'auteur de la célèbre chanson Nadia n'a pas vécu très long temps au village qu'il a quitté très jeune, mais «il revenait, à chaque occasion, pour rendre visite à la famille. Il était plein d'humilité», a-t-elle témoigné. «C'est ici qu'il se ressourçait» Toujours à Boumessaoud, Youcef, le neveu de l'artiste, nous a fait visiter la maison du maître. «C'est ici qu'est né Dda Cherif. Quand il revient au village, il aime sortir se promener dans le village. Il est estimé ici par tous les habitants car il n'a jamais fait de mal à quelqu'un», nous a-t-il confié avant de rappeler qu'en 2005 de l'hommage qu'on lui a rendu dans sa région par l'association qui porte son nom. «Il a été très content de l'hommage qu'on lui a rendu il y a quelques années ici au village et au chef-lieu de la commune. C'était un événement qui l'a marqué surtout quand on lui a montré des photos inédites, surtout celles de ses parents. Il était très ému car il n'a pas pu assister aux funérailles de sa mère et de son père. Il était à l'hôpital. Depuis 1958, il vivait avec un seul rein. Donc, il avait parfois des problèmes de santé. En 1992, il a commencé l'hémodialyse car le deuxième rein a atteint un stade terminal. Même avec sa petite santé, il ne rate pas l'occasion de venir ici. Le village lui servait d'endroit pour se ressourcer. Chose qu'il me répétait souvent d'ailleurs», poursuit notre interlocuteur qui ajoute que le regretté est l'aîné d'une famille de trois filles et un garçon qui est décédé durant les années 1940. Dans la commune d'Imsouhal, même la nouvelle génération connaît Dda Cherif et son œuvre. Il sera enterré auprès des siens Rencontré à Tanalt, le plus important village de la municipalité, Ghiles, un lycéen âgé de 19 ans, nous a parlé de l'artiste comme il nous a également récité deux couplets des chansons phares du défunt, en l'occurrence Djurdjura et Lemri. La région d'Imessouhal s'apprête ainsi à accueillir une affluence nombreuse à l'occasion de l'enterrement du célèbre auteur-compositeur, prévu ce vendredi, au village Boumessaoud où la population s'est mobilisée comme un seul homme pour assurer des funérailles à la hauteur de l'artiste qui sera inhumé dans un bout de terre dans son village natal aux côtés des siens.