Grosse agitation hier devant le musée du moudjahid à Tiaret après la décision prise par l'artiste, Bouharket Beddiar, de retirer son œuvre réalisée depuis 2009 sans toucher le moindre sou de la part de la DLEP ou d'une quelconque autre institution en dépit des multiples démarches. Les policiers alertés par les autorités sont venus avertir l'artiste pour ne pas procéder au déboulonnement de l'œuvre, symbolisée par l'hymne national «Kassaman». L'œuvre en elle-même est l'une des plus grandes du genre réalisée avec des matériaux nobles et qui a nécessité plusieurs mois pour l'équipe composée d'au moins une vingtaine d'artistes. Hier, M.Bouharket est venu pour observer un sit-in qui sera éventuellement ponctué par une grève de la faim. Dans sa lettre au président, il déclare: «En tant qu'artiste plasticien, j'ai appris à me relever sitôt tombé». «J'ai réalisé une table en hêtre de ce qu'il y a de plus beau avec des effigies de martyrs de la Révolution et il en est sorti des statues de bronze plaqué or avec au centre l'émir Abdelkader le tout au-dessus de versets coraniques». Le wali, M.Mohamed Bousmaha, m'a demandé de l'exposer dans le hall du musée du moudjahid et a instruit l'ex-DLEP, M.Tayar Yazid, d'honorer la facture. Une copie a été exposée dans le hall de l'aéroport Abdelhafidh Boussouf de Aïn Bouchekif. «Sachant que vous alliez faire une halte, ma joie fut immense quand j'ai su que cette œuvre vous a vraiment plu et impressionné». A partir de là, le DLEP m'a demandé d'élaborer une œuvre pour le musée pour immortaliser la glorieuse et mémorielle révolution de novembre et je lui ai suggéré la réalisation du plus grand hymne national, gravé suivant des traits artistiques se référant à l'écriture «Koufi». Cela m'a pris trois mois pour monter le puzzle qui symbolisait le groupe des 22. «Kassaman», dans ses cinq versets, fut gravé, lettre par lettre, en plaqué or, sur une fresque au socle de granit noir noble et j'ai fait entourer l'œuvre de lions pour dire que ce beau pays est bien gardé. Je l'ai enjolivé avec une sculpture à base de bois et je l'ai enveloppé d'un grand drapeau algérien qui s'ouvre et se referme sous forme d'accordéon. Même les quatorze piliers, réalisés d'une manière moche dans le hall furent enveloppés sous forme de dessins pour susciter la symbiose des lieux et soigner les détails qui font le gigantisme de l'œuvre. Un travail accompli grâce à la collaboration des artistes Ayachi et Hebib Zair. L'hymne a pris 5 mètres de longueur et trois pour la hauteur. Ce travail nous a pris onze nuits par temps glacial et enneigé. Au lieu de la reconnaissance et de la gratitude ce fut l'indifférence outrageante pour des raisons qui nous sont à ce jour inconnues. En date du 4 mai 2009, le DLEP et son adjoint semblaient satisfaits et m'ont demandé de présenter la facture pour paiement mais ce ne fut qu'une ruse en allant jusqu'à insinuer que la somme de 524 millions de dinars reste une misère au regard de l'œuvre magistrale et inestimable. Le 19 Mai, qui coïncidait avec la visite du ministre des Moudjahiddine, M.Mohamed Chérif Abbès, le DLEP a insisté pour que j'assiste pour donner une lecture de l'œuvre. Quelques jours après, le DLEP m'a fait savoir que l'enveloppe destinée au musée restait insuffisante pour qu'il honore ses engagements. Inutile de vous dire que l'attente, trois années durant, avec les18 travailleurs dont des artistes et des artisans, fut longue et éprouvante. Voire humiliante. L'un des artistes s'est ruiné et a totalement raté son mariage tant ses économies étaient jointes aux miennes pour achever les travaux. Coup de théâtre. Le DLEP, après nous avoir fait poireauter, prétexte qu'il ne nous a pas demandé de faire ce travail et que l'ordre de service ne servira à rien. Pas même à justifier ce que le commun des mortels peut découvrir à satiété. Votre excellence, cette situation a valu une tentative de suicide d'un artiste depuis le haut de l'hymne qui a donné une âme au musée. Bien qu'invité par la télévision nationale pour redonner lecture à une œuvre désormais consacrée œuvre grandiose, je n'ai pu débiter des paroles offensantes et crois toujours en la justice des hommes avant celle de Dieu.