La nouvelle usine flambant neuve de Renault implantée au Maroc sera inaugurée, jeudi prochain, près de 5 ans après l'annonce du projet, à l'automne 2007. Projet défendu et soutenu par Nicolas Sarkozy, le président français. Sont attendus, pour l'occasion, Carlos Ghosn, le patron du constructeur automobile, et Mohammed VI, roi du Maroc. Le site doit permettre de développer une industrie automobile pour l'instant quasi inexistante dans le royaume, à l'exception de l'usine de Somaca à Casablanca, et d'y attirer des sous-traitants pourvoyeurs d'emplois, selon le vœu du gouvernement marocain. Le royaume chérifien, qui n'a rien laissé au hasard, a déroulé le tapis rouge au constructeur automobile français : pas de taxe sur les exportations, pas d'impôts sur les bénéfices pendant cinq ans. Rabat a aussi versé une prime d'investissement de 60 millions d'euros, mis à disposition les infrastructures (autoroute et rail) et créé pour 8 millions un centre de formation. Pour Renault, c'est sa première inauguration depuis celle de Curitiba, en 1998 au Brésil. En vertu d'un accord signé avec l'Etat marocain à l'été 2007, le groupe français a investi environ 1 milliard d'euros dans la zone franche de Tanger, sise à l'extrême nord du pays. Il en veut en faire un pôle central dans son développement du groupe. D'une superficie de 300 hectares, le site se situe à 30 kilomètres du nouveau port de Tanger Med et à quelques encablures des côtes espagnoles. Le chantier a connu aussi quelques mésaventures. Des pluies diluviennes l'ont paralysé pendant trois mois. Mais finalement, les délais ont été tenus. Le site devrait produire 170 000 véhicules au cours de sa première année d'activité, un chiffre que la société espère porter à 400 000 à l'horizon 2014. L'usine débutera sa production avec 2600 emplois directs, mais devrait voir son effectif atteindre 6000 d'emplois directs et près de 30 000 emplois indirects d'ici à 2015. Un ouvrier marocain recevra 250 euros net par mois, a révélé l'agence Ecofin, spécialiste de l'économie en Afrique. Sur le plan environnemental, les émissions de CO2 de l'usine sont réduites de 98%, soit environ 135 000 tonnes de CO2 évitées par an et aucun rejet d'eaux usées d'origine industrielle n'est émis dans le milieu naturel. Le premier modèle de la marque au losange doré à sortir des lignes sera le «Lodgy», un monospace de 5 à 7 places. Il sera commercialisé au printemps sous la marque Dacia (filiale roumaine de Renault) en Europe et dans le pourtour méditerranéen, et sous celle de Renault ailleurs. Suivront un petit utilitaire, puis un troisième modèle encore tenu secret. Ces véhicules viendront compléter la gamme «low cost» du groupe, qui compte actuellement la petite berline Logan et ses dérivés, la Sandero et le 4x4 Duster. La grande majorité de la production de Tanger sera exporté grâce au nouveau port Tanger Med, classé huitième zone franche mondiale. En 2007, M. Ghosn soulignait que 90% de la production du site serait dédiée au marché mondial et «pas seulement européen», et 10% «au marché marocain, d'Afrique du Nord, du Moyen-Orient, voire de quelques pays d'Afrique». Il avait dit vouloir en faire l'usine «la plus compétitive» de l'alliance Renault-Nissan. Depuis, le partenaire japonais de Renault s'est retiré du projet. Et c'est la Caisse des dépôts marocaine qui avait pris le relais. A rappeler qu'avant de s'installer au Maroc, Renault et le gouvernement algérien menaient des négociations autour de l'éventualité de l'implantation d'une usine d'assemblage en Algérie. Finalement le constructeur français a préféré aller construire son usine dans le royaume où le climat des affaires est jugé plus attractif qu'en Algérie. Pour autant, l'Algérie, qui n'a pas renoncé, mène depuis deux ans des discussions avec les responsables de Renault avec le concours de Jean-Pierre Raffarin, l'émissaire de Sarkozy. Malgré l'optimisme des autorités algériennes, d'aucuns restent sceptiques quant aux chances de concrétisation qu'un tel projet.