Quatre autres personnes ont été tuées, hier, dans des manifestations violentes à travers certains pays musulmans en signe de protestation contre la parution dans la presse européenne de caricatures blasphématoires du Prophète Mohamed (QSSSL). De l'Afghanistan à l'Indonésie en passant par l'Iran, le Pakistan, la Jordanie et jusqu'au Niger, des manifestants ont protesté alors que les appels au calme, qui se multiplient depuis les premières violences le week-end dernier, sont pour l'instant restés vains. Les incidents les plus graves se sont déroulés au nord de l'Afghanistan, à Maïmana, où quatre Afghans ont été tués dans l'attaque d'un camp de soldats norvégiens de l'OTAN par des centaines de manifestants. Cinq soldats norvégiens ont été légèrement blessés. L'attaque du camp militaire norvégien de l'OTAN ne remettra pas en cause l'engagement de l'Alliance dans ce pays ni son expansion dans le Sud, a assuré le porte-parole de l'organisation, James Appathurai. En Iran, des manifestants ont pénétré dans l'ambassade du Danemark pour la deuxième journée consécutive. En Indonésie, les Danois ont été invités par leur gouvernement à quitter le pays alors que de nouvelles manifestations avaient lieu. En Turquie, le meurtrier d'un prêtre catholique a été arrêté. A rappeler que l'escalade provoquée par les caricatures parues dans un quotidien danois, puis un magazine norvégien et d'autres journaux européens, avait fait ses premiers morts lundi : trois en Afghanistan, un en Somalie et un cinquième à Beyrouth. Le gouvernement iranien a appelé, hier, la population « à ne pas violer les territoires diplomatiques » après une demande de protection du Danemark. Au Liban, 416 personnes, dont près de la moitié des non-Libanais, ont été arrêtées dans les émeutes de Beyrouth, a annoncé le ministre libanais de l'Intérieur par intérim, Ahmad Fatfat. En Croatie, l'hebdomadaire Nacional a publié le même jour les douze caricatures de Mohamed (QSSSL), se demandant si l'Occident devait accepter la « dictature religieuse et culturelle » des islamistes. A Sarajevo, l'ambassade du Danemark a été évacuée à cause d'une fausse alerte à la bombe. Parallèlement, de nouveaux appels au calme ont été lancés après que l'Union européenne eut appelé à la protection de ses ressortissants et ambassades. Aucune mesure concrète n'a toutefois été décidée par l'EU qui étudie sa réaction à la suspension par l'Iran de ses échanges commerciaux avec le Danemark. La Commission européenne estime que le boycott n'est « pas une façon appropriée » de régler les problèmes et « étudie » sa réaction à la décision iranienne. « Un boycott des produits danois est par définition un boycott des produits européens », a déclaré le porte-parole de la Commission, Johannes Laitenberger. « La Commission étudie en ce moment son éventuelle réaction » à cette décision. « Mais nous considérons qu'un boycott n'est pas un bon moyen (...). Ce n'est pas une façon appropriée de résoudre le problème », a-t-il dit. Le leader d'extrême droite autrichien Jvrg Haider a suggéré, pour sa part, à la présidence autrichienne de l'Union européenne (UE) d'inviter à Vienne le chef d'Etat libyen Mouammar Kadhafi pour tenter de désamorcer la crise provoquée par la publication desdites caricatures. Le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, en déplacement hier à Athènes, a appelé à une condamnation « claire » des violences. Il a aussi souligné la nécessité « de garder son calme et de trouver une solution pour réduire la tension ». De son côté, le ministre tchèque des Affaires étrangères, Cyril Svoboda, a estimé « inadéquat » le boycottage des produits danois décrété par plusieurs pays musulmans pour protester contre la publication de caricatures du Prophète Mohamed (QSSSL) par la presse danoise. Tokyo a estimé également que « la violence et les actes de vandalisme ne se justifient en aucune façon » et exhorté toutes les parties concernées « à réduire les tensions ». Le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen a appelé pour sa part « au calme et à la raison » face aux manifestations incessantes contre le Danemark. Le président américain George W. Bush apporte son soutien au Premier ministre danois. L'Etat nigérian de Kano a annulé, hier, un contrat de 23 millions d'euros (27 millions de dollars) avec une firme danoise pour l'importation de 70 bus.