Le dispositif de subvention des produits alimentaires est préjudiciable à l'économie nationale. Un avis que partage et dénonce sévèrement le patronat algérien. «La politique des prix soutenus par le gouvernement n'est pas ciblée. C'est une subvention générale qui profite aux riches comme aux pauvres, ce n'est pas normal», estime Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprises (FCE). Outre le lait et le pain, subventionnés depuis des années, le gouvernement algérien avait pris, en janvier 2011, la décision de soutenir les prix du sucre et de l'huile. Mais la liste des produits subventionnés sera encore une fois élargie aux légumes secs. Selon M. Hamiani, cette politique «encourage» aussi la fuite des produits subventionnés vers les pays voisins. «Nous nourrissons une partie de la population du Mali, du Maroc, de Mauritanie et du Niger. Des produits subventionnés en Algérie comme le lait, le sucre et la farine, par exemple, atterrissent sur leurs marchés», rapporte le patron des patrons algériens. Résultat : «Nous subissons des pertes considérables», ajoute-t-il. D'après le président du FCE, cette politique nuit aux entreprises nationales et constitue un frein à l'investissement local. «Lorsque les prix sont soutenus par l'Etat, il n y a pas de marge de rentabilité suffisante», explique-t-il. Du coup, ceux qui investissent dans ce créneau sont démotivés. «Il n y a pas aussi d'incitations économiques dans le secteur d'activité là ou les prix sont subventionnés», poursuit M. Hamiani. Un mauvais signal en direction d'autres investisseurs qui hésitent à sauter le pas. La subvention des produits de première nécessité coûte annuellement à l'Etat environ 300 milliards de dinars, selon le patron du FCE. Officiellement, le gouvernement, à travers ces dispositions, entend soutenir les couches sociales les plus défavorisées. Or, pour M. Hamiani, le gouvernement espère plutôt et à tout prix contenir les agitations sociales largement répandues. En guise de solution, M. Hamiani plaide sans ambages pour repenser ce mécanisme de sorte à ce que cette subvention soit «ciblée». «Il faudrait penser à donner la subvention à la source au lieu de continuer à soutenir les prix de manière aveugle. Il faut subventionner la production et non pas la consommation», précise-t-il. Même constat dressé par Mohand-Saïd Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat (CNPA) : «L'option de soutenir les prix profite à cinq ou six pays voisins», qui propose de «revoir cette politique de soutien des prix». Entre autres suggestions, M. Naït Abdelaziz plaide, à l'instar de M. Hamiani, pour un ciblage de la subvention : «Le soutien aux prix doit cibler ceux qui sont dans le besoin et le dénuement. En même temps, il faudrait améliorer le pouvoir d'achat des Algériens.» Aussi, la politique de subvention doit s'orienter vers les secteurs productifs. Autre proposition : cesser cette frénésie du tout import.