La maladie de Milleroy est une maladie orpheline. Elle est identifiée comme étant « un grossissement du volume d'une partie du corps suite à une infiltration massive d'un tissu ou d'une région anatomique. » Sa spécificité, sa rareté et la méconnaissance des mécanismes qui la provoquent font d'elle une maladie insidieuse difficile à traiter car, selon le docteur Kamel Daoudi, chirurgien, rencontré à Oran « elle est provoquée par la carence d'une circulation lymphatique ou veineuse normale. La maladie de Milleroy est une malformation lymphatique d'origine congénitale, caractérisée par un œdème dû à une obstruction des vaisseaux lymphatiques ». Et d'ajouter : « Lorsque le liquide interstitiel s'accumule dans les tissus, il est renvoyé dans la circulation sanguine par les veines. » « Le transport de ce liquide est ralenti pour une raison inconnue et les vaisseaux lymphatiques gorgés produisent un gonflement de la partie touchée. » C'est de cette pathologie que souffrait, 25 ans durant, le patient Brahim Boulbadaoui. Après avoir fait le tour des structures hospitalières nationales et plusieurs tentatives à l'étranger, notamment dans le cadre de prise en charge, en 1980 à Bordeaux (France), puis en 1984 à l'hôpital St Joseph, en vain. Désespéré, le patient, actuellement âgé de 55 ans, s'est résigné à accepter sa maladie qui, entre temps, devenait invalidante, car le grossissement de sa partie génitale atteignait le poids de 18 kg. C'est lors d'une visite à un parent hospitalisé à l'hôpital Mustapha à Alger que le docteur Daoudi fait la connaissance de Si Brahim qui partageait la même chambre que son parent au service de dermatologie. Le cas, la spécificité et la rareté de la maladie mais surtout la souffrance qui constituait le lot quotidien de Si Brahim depuis 25 ans, car il a perdu toute autonomie, ont attiré l'attention et la curiosité du docteur Daoudi qui sans aucune hésitation demande une copie du dossier du malade et, dès son retour à Tizi Ouzou, entame des recherches sur cette maladie « mystérieuse ». Deux mois durant, nous confiera le docteur Daoudi, « j'ai consulté tout ce qui a trait à cette pathologie, et j'ai constaté qu'il était possible de la traiter chirurgicalement. » C'est ainsi que l'on saura, qu'après avoir pris contact avec ses confrères de la clinique des Oliviers, il a été convenu que cette intervention sera faite à titre gracieux au malade. La surprise et l'étonnement ont atteint leur paroxysme, un rendez-vous a été pris pour un bilan approfondi. Ce qui a été fait rapidement. L'équipe médicale s'est attelée, onze heures durant, à extraire l'énorme kyste qui invalidait le malade. Après huit jours d'hospitalisation, le malade est complètement guéri de sa maladie et un mois et demi après, tous les bilans ne montrent aucun indice d'inquiétude.