Architecte de formation, Farid Benyaâ est un nom connu de la scène artistique algérienne. A quelques heures du vernissage de sa nouvelle collection au Centre culturel algérien à Paris, le plasticien dévoile sa nouvelle démarche artistique. -Vous comptez dévoiler votre dernière collection de tableaux, à Paris, le 8 mars au Centre culturel algérien. En quoi consiste votre exposition ? Effectivement, dans le cadre de la Journée internationale de la femme, j'expose une nouvelle collection de portraits de femmes au Centre culturel algérien à Paris. Le vernissage est prévu pour le 8 mars à 18h30. L'exposition se déroulera jusqu'au 6 avril. Mon graphisme se veut une rupture avec mon travail antérieur. J'ai connu trois étapes dans mon parcours. En premier, le figuratif : j'étais passif par rapport à ce que je représentais. Mais, j'étais cependant témoin de notre patrimoine. La deuxième étape se caractérise par le symbolisme. Cette technique intégrait des figurines qui étaient des éléments énigmatiques où je soumettais à débat des sujets qui faisaient notre société. Aujourd'hui, je suis dans un graphisme de suggestion : c'est une synthèse entre le réalisme et l'abstraction, entre la réalité extérieure et mon monde intérieur, entre le local et l'universel. En fait, le visible transmet l'invisible. Pour cela, j'intègre une nouvelle notion qui est la vitesse et la sonorité. Plus le coefficient de rapidité est grand, plus s'engagent les pouvoirs de suggestion. Au-delà du trait qui doit être vibrant, puissant, énergique, nerveux, fulgurant, il y a aussi le point, le giclage, la tache qui sont autant de notions qui créent le mystère, le rêve, la poésie. -«Vibration» est le titre de votre exposition… «Vibration» est en fait un double titre. D'abord, par rapport à mon graphisme qui se veut vibrant pour engager un pouvoir de suggestion. Ensuite, par rapport à la femme algérienne, parce que son engagement dans la société témoigne clairement d'une société qui bouge. Je suis convaincu qu'elle est l'axe autour duquel va se transformer la société algérienne. Malgré le fait que notre société a tendance à tirer la femme vers le bas. A travers une culture ancestrale dominée par l'homme et des lois qui l'amputent de sa personnalité et de sa diversité, la femme algérienne a pris conscience de l'épaisseur de la muraille à abattre. Elle a commencé à s'organiser. «Vibration» correspond à ce combat. Cela n'est pas une chimère, mais une question d'opiniâtreté et de temps. Ceci dit, ne soyons pas naïfs, le chemin est encore long… -Pourquoi êtes-vous si fidèle au thème de la femme ? En dehors du fait que la femme représente toutes les valeurs, qu'elles soient contemporaines ou ancestrales, elle symbolise aussi, bien sûr, le charme, la séduction et l'esthétique. Depuis la nuit des temps, elle a inspiré tous les artistes qu'ils soient plasticiens, musiciens écrivains, poètes ou sculpteurs. Par ailleurs, je me passionne particulièrement pour la spiritualité et les mécanismes de l'esprit humain et en particulier par le monde intérieur de la femme. Elle représente l'alchimie de l'âme, la compréhension et l'amour, le langage et la dignité intérieure, les mouvances courbes, les évidences affectives, la connaissance intuitive. C'est la vie ésotérique. Contrairement à l'homme qui représente la rigidité, le pouvoir, la raison froide, le bruit et l'intolérance. La femme est donc pour moi cette synthèse entre une esthétique et un monde intérieur teinté de poésie. J'essaye de traduire dans le regard ce vaste océan ou l'on peut voguer… -Comptez-vous mettre à l'honneur cette exposition dans votre galerie portant votre nom à Alger ? Je prévois effectivement d'exposer mes œuvres dans mon espace galerie à Alger à la fin du mois de mai. Mon objectif est de faire découvrir aux Algérois ma nouvelle collection. Comme tout créateur, mon désir est de surprendre le public qui connaît déjà mon travail graphique antérieur. Jean Cocteau s'adressait aux artistes en leur disant : «Etonnez-moi !». Ce message me concerne aussi.