D'emblée, Anas Al Takriti, l'organisateur de la marche des musulmans britanniques contre les caricatures insultantes et blasphématoires du Prophète publiées par un quotidien danois et reprises par de nombreux journaux européens, et qui a eu lieu entre Trafalgar Square et Hyde Park samedi après-midi, s'est voulu conciliant. « Les musulmans se joignent aux non-musulmans, aujourd'hui, pour montrer qu'ils sont unis contre l'islamophobie et tous les genres d'incitation. » Le ton est donné. Sur les banderoles soulevées par quelque 15 000 manifestants, on pouvait constater l'absence de slogans revanchards ou fanatiques : « Unis contre l'islamophobie et l'incitation », « Mohamed symbole de la liberté et de l'honneur », « Oui a un dialogue pacifique entre les civilisations ». Pas de drapeaux danois brûlés. La marche, qui s'est déroulée dans l'ordre et le calme, « est une occasion de dénoncer les abus commis au nom de la liberté d'expression, ainsi que les actes qui prônent la violence, la destruction et la haine », explique Anas, le directeur de Muslim Association of Britain (MAB). L'événement a été organise par le Muslim Council of Britain (MCB), le MAB, avec l'appui d'un grand nombre d'organisations chrétiennes, des organisations pacifiques et le maire de Londres. L'objectif de la marche, selon les organisateurs, « est de montrer que la Grande-Bretagne est le porte-flambeau en Occident des pays qui veulent créer une société moderne, multiculturelle, multiethnique et où toutes les religions coexistent de manière pacifique. Une société qui vit en paix et dans la prospérité ». Plusieurs personnalités, dont le maire de Londres, Ken Livingston, ont pris la parole pour appeler à « un dialogue calme, franc et constructif entre les civilisations, un dialogue basé sur le respect mutuel et l'échange d'idées au lieu et place d'insultes ». Le député travailliste, Jeremy Corbyrn, connu pour ses positions proarabes, a déclaré que « la seule façon pour notre communauté de survivre est de se respecter les uns les autres. Nous exigeons que les peuples respectent les religions et les fois des autres ». De son côte, le docteur Azam Tamimi, directeur de Institute of Islamic Political Thought, a indique que « l'objectif principal de la marche est de dénoncer de manière civilisée les caricatures du Prophète ». « Nous avons le droit d'être en colère, mais nous devons l'exercer dans le cadre de la loi ; et nous devons respecter les droits des autres », a-t-il ajouté. Pour sa part, le maire de Londres a déclaré : « Je soutiens cette marche, car, à l'opposé de la majeure partie de la couverture qui nous a été offerte par les journaux, elle permet au point de vue du courant dominant de la communauté musulmane d'être correctement entendu. »