Aujourd'hui, l'idée de l'Etat-nation est désormais une expérience qui appartient au passé. La «crise» que vit l'Union européenne actuellement est en réalité une nouvelle étape historique exceptionnelle, que les Européens préparent et organisent pour bien s'équiper avant de rentrer dans une nouvelle vie «post-nation». En effet, le gouvernement politico-économique européen qui s'organise et commence à prendre forme n'est que le signe irréversible d'un nouveau «monde social européen» plus large et plus complexe que celui qu'a connu l'Europe pendant les siècles passés. Ce nouveau monde se réalisera quand les petites nations, considérées jusqu'à aujourd'hui comme les maillons faibles de l'Europe, participeront comme de vrais partenaires sociaux dans l'élaboration et la concrétisation de se «Méga-monde» politico-économique et social. Les XXIe et XXIIe siècles ne reconnaîtront plus dans le futur proche les constellations politiques qui s'organisent en «Etat-nation» selon la conception classique, mais il s'identifieront aux gouvernements qui réussissent l'intégration de plusieurs nations afin de vivre ensemble. C'est une nouvelle conception du «social complexe» basée sur la philosophie économique moderne de la «Globalisation». En revanche, les pays du Sud et particulièrement l'Algérie, accumulent un retard incessant en matière d'organisation politique pour édifier leur projet de l'«Etat-nation». La société algérienne est en miettes et les partis politiques officiels, censés réussir le travail de l'intégration politique, n'ont toujours pas trouvé la voie pour pouvoir rassembler ce qui est éparpillé. Dans ce cas, si on mesure notre situation par rapport à l'Europe, le travail que souhaitent réaliser les partis politiques en Algérie appartient bel est bien au passé. Par contre, il est dans le même temps une étape nécessaire pour pouvoir s'inscrire dans le temps présent. De ce fait, la crise de l'Algérie réside dans son «Etat». Cet Etat, mal défini, a été toujours conçu et organisé loin de son âme et il n'a trouvé ni vie ni sens parce qu'on n'a jamais pensé sérieusement à greffer son âme dans son corps. L'Etat est une idée philosophique et économique. Elle a été conçue par l'homme «sage et intellectuel» dans le but d'organiser sa vie dans le bas monde afin de réussir le projet de «vivre ensemble dans une communauté nationale». Les événements dans le monde contemporain ne permettent pas à l'Algérie de reproduire l'échec, et les Algériens(es) doivent s'impliquer davantage pour qu'ils soient visibles dans leur espace public. Ils doivent discuter librement, sereinement et avec une grande responsabilité sur la nature de l'Etat qu'ils souhaitent avoir afin d'intégrer leur «âme collective» dans le corps de leur Etat pour lui donner la vie. C'est un travail difficile à accomplir mais nécessaire pour la sauvegarde de l'Algérie dans le nouveau monde. Les Algériens (es) ne se reconnaissent pas et la peur qui habite les corps et les esprits et très complexe et ne fait qu'aggraver les situations, que ce soit sur le plan individuel ou collectif. Les hommes qui ont le pouvoir en Algérie eux aussi appartiennent à ce pays, et ils sont appelés à participer par une volonté politique afin d'ouvrir les débats sérieux et responsables dans les médias lourds. Cela va permettre aux Algériens(es) de se retrouver et de se mettre face à face pour parler et se reconnaître. Ce débat est la seule clé qui peut éventuellement rebâtir la confiance et construire le lien sociétal. L'Algérie a besoin de ce lien pour se reconstruire et se préparer pour dépasser toutes les lacunes et le «vide» qui l'entoure. On ne peut prétendre appartenir au monde des humains, alors qu'on n'arrive même pas à parler de nos vrais problèmes qui nous faussent la bonne voie pour s'instruire et se construire afin d'assumer nos responsabilités collectives vis-à-vis de notre pays et des générations futures. Ouvrir les débats dans les médias lourds ne veut pas dire créer des conflits et aggraver la situation. Au contraire, l'objectif, c'est de trouver «ensemble» la voie qui nous éclaire la route pour mettre l'Algérie en avant et travaillons davantage pour qu'elle puisse avoir une place respectable et de s'honorer des efforts de ses enfants. Les médias lourds comme la télévision sont un espace de communication qui diffuse de l'information, éduque la population pour se construire et s'organiser pour bien choisir ses représentants politiques. Actuellement, la politique de la fuite en avant n'aide pas l'Algérie à se mettre debout. Les solutions provisoires et les décisions préparées dans des cercles fermés comme de «boîte noire», loin du peuple, condamnent le pays et bloquent le jaillissement de la dynamique sociale et politique : «On ne change pas une société par décret»(1). Dans cette situation, il me semble que l'explication et l'éclairage des devoirs et des obligations de chacun de nous envers le nouvel Etat est d'une importance inestimable pour l'avenir de l'Algérie. La discussion sur le droit de cet Etat et sa légitimité pour protéger les personnes, sans exception, dans leurs biens matériels et moraux est fondamentale parce que les Algériens(es) savent qu'il y a eu un abus dans le fonctionnement des biens de l'Etat et de la société. Parler de cet abus quel qu'il soit permet la cicatrisation des souffrances et le l'atténuation des douleurs. L'objectif de ce travail vise la concrétisation du «pardon collectif». C'est un processus qui contribuera à produire le sentiment collectif et national. Il se développera avec la participation collective dans l'élaboration et la mise en œuvre des nouvelles règles sociales, économiques et politiques pour réussir le décollage. Cette initiative produira automatiquement des partis politiques avec de vrais programmes qui poseront véritablement les vrais problèmes et développeront une vie politique riche et fructifiante. C'est la nation algérienne qui se dégage des programmes politiques et c'est l'Etat qui se place au-dessus de tous pour négocier sa place parmi les «gouvernements de la globalisation». Les partis politiques d'aujourd'hui n'ont pas de programme politique parce qu'aucun d'entre eux ne présente l'avis de son parti et non pas son avis sur la crise qui frappe l'éducation et la scolarité. Quelle proposition le parti argumente-t-il pour sortir de cette crise ? Aucun parti ne parle du chômage et de l'exclusion, et aucun ne développe un argumentaire vrai et possible pour adoucir cette situation. Beaucoup d'autres questions sociales et économiques sont posées au peuple algérien et aucun parti ne peut avoir le mérite d'être désigné par un «praticien de la politique». Les élections législatives ne sont-elles pas prématurées ? N'était-il pas intéressant de laisser les Algériens(es) parler librement dans les médias lourds pour pouvoir se constituer en vrais partis politiques ? Référence : 1). Michel Crozier, 1970. La société bloquée. Paris, Seuil.