Fawzi Rebaïne, leader du parti Ahd 54, participera aux élections législatives, quel qu'en soit le prix. Il se présente comme un combattant qui ne déserte pas le terrain de la lutte. S'exprimant lors d'une conférence de presse, animée hier à Alger, le patron de Ahd 54 en a surpris plus d'un. Il est persuadé que le pouvoir a choisi les élections législatives, comme première étape, pour uniquement gagner du temps. Il est aussi convaincu que la fraude sera, comme à l'accoutumée, au menu de cette élection qui verra, selon lui, un fort taux d'abstention. Avec un tel constat, l'assistance pensait que Rebaïne ne prendrait pas part à ce scrutin. Eh bien non ! Il s'est dit d'ailleurs étonné qu'on lui pose une telle question ! «Je ne me retire pas des élections, même si je suis convaincu qu'il y aura un taux important d'abstention. Pour ce qui est de la fraude, nous savons tous que le pouvoir fraude et gonfle les taux de participation. En dépit de cela, je ne me retire pas et je ne vois pas pourquoi je le ferai. Moi je suis un combattant», lance-t-il. Abordant le chapitre de la surveillance des élections, Rebaïne exige des indemnités pour les membres de la Commission nationale de surveillance des élections législatives présidée par un membre de son parti. Il dénonce, dans ce sens, ce qu'il qualifie de la politique de deux poids, deux mesures du pouvoir. «Nous avons des droits et des devoirs, et il est de notre droit de revendiquer des indemnités financières. Pourquoi les magistrats qui n'ont rien d'indépendant ont eu droit à des bureaux en marbre et à des indemnités et les représentants de parti n'ont rien eu. Pourquoi une telle discrimination ?», interroge-t-il. Ahd 54 court-il après l'argent ? A cette question, Rebaïne se défend : «Le parti Ahd 54 n'a jamais reçu un sou de personne ; je n'ai jamais habité les résidences de l'Etat. J'ai été membre du CNT et je ne touche pas de retraite. Je ne nie pas, toutefois, que l'argent est le nerf de la guerre…» Et de révéler par la même qu'en 1999, les juges qui avaient siégé au Conseil constitutionnel avaient été récompensés par la Présidence, pour service rendu. Invité à donner son avis sur les partis politiques qui obligent les militants à acheter leur place dans la liste de candidature, Fawzi Rebaïne déplore ce phénomène et témoigne que certains leaders de parti politique classent les candidats aux plus offrants… Dans ce sillage, il critique le rendement et la position du ministre de l'Intérieur : «Le ministère de l'Intérieur n'a aucun poids, c'est le wali qui décide sur ordre du président de la République.» Rebaïne loue les mérites de sa famille qui sont tous des moudjahidine et des enfants de chouhada et tombe à bras raccourcis sur l'Organisation nationale des moudjahidine qu'il qualifie d'inutile. «Cette organisation a failli à sa mission. Elle n'a rien fait et rien réglé. Elle n'a joué aucun rôle dans la vie politique. Mais à mon avis, il s'agit là d'une affaire purement politique et les jeunes Algériens ont compris le jeu trouble de l'Etat», dénonce-t-il. S'agissant des observateurs internationaux, le président de Ahd 54 aimerait bien discuter avec eux pour connaître le contenu des accords signés entre eux et le gouvernement algérien.