Le responsable de la délégation du programme américain baptisé Initiative de partenariat avec le Moyen-Orient (MEPI), David W. Mulenex, a détaillé, hier, au siège de l'ambassade des USA, à Alger, le contenu de ce programme de financement de projets visant à renforcer les médias indépendants dans la région de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Il s'agit, essentiellement, d'une assistance technique et en équipements au profit des médias de la région qui souhaitent se restructurer et se développer. Les journaux et autres médias intéressés sont donc invités à postuler en présentant un dossier expliquant leurs projets et leurs besoins de financement. Le programme MEPI ne concerne, cependant, pas uniquement l'assistance aux médias. Les 9 millions de dollars consacrés à l'Algérie devraient profiter également aux partis politiques, aux associations et même aux institutions qui le souhaitent bénéficier de l'aide de cet organisme créé par le président Bush en novembre 2002. L'objectif générique de cette initiative est de soutenir les forces démocratiques dans les régions ciblées, notamment les partis politiques, les leaders d'opinion, mais également toutes réformes visant à asseoir les règles démocratiques dans l'un de ces pays. « Notre challenge est de comprendre le mieux possible les besoins des Algériens pour pouvoir les aider », a affirmé David W. Mulenex, précisant que « l'œuvre démocratique n'est jamais achevée ». Le MEPI se propose de soutenir les réformes de quelque nature qu'elles soient en Algérie, dit-il, « mais c'est aux Algériens de trouver les solutions », souligne le conférencier, qui voulait implicitement lever l'équivoque sur la notion d'ingérence. Interrogé sur la nature de l'aide que son organisme propose aux partis politiques, M. Mulenex répond tout de go qu'il ne s'agit pas d'un financement pécuniaire. « Il est important que les partis politiques s'organisent démocratiquement à l'intérieur pour qu'ils soient des acteurs aussi importants dans la société », indique-t-il. LES ARABES ET L'IMAGE DES ETATS-UNIS Le fonctionnement démocratique des partis va, selon lui, de la confection des listes électorales jusqu'à la représentation au niveau local, en passant par la prise de décisions stratégiques. Pour ce faire, le MEPI offre aux partis qui le désirent une assistance technologique. Il est, bien sûr, évident que ce programme piloté par George Bush ne s'adresse pas à n'importe quel parti. En l'occurrence, et pragmatiques qu'ils sont, les Américains voudraient former des élites au sein des partis politiques, de la société civile et de la presse qui soient en quelque sorte « américainement correctes » de façon à formater les mentalités des futurs décideurs des pays auxquels s'adresse le programme. Bien que le patron du programme ait précisé, hier, que le MEPI n'a rien à voir avec le fameux Grand Moyen-Orient (GMO) lancé par les Etats-Unis et le groupe du G8 en 2004, les objectifs stratégiques sont pratiquement les mêmes. L'image de marque des USA étant sérieusement écornée, notamment dans le monde arabe, ce programme est conçu spécialement pour lifter la réputation du pays de Bush, ternie par la succession de guerres qu'il livre en Irak. Le président des Etats-Unis l'a, d'ailleurs, reconnu dernièrement, à l'occasion de son discours sur l'état de l'union, en faisant remarquer que son pays n'avait pas bonne presse dans plusieurs régions de la planète, notamment chez les Arabes. Le MEPI s'emploierait donc, également, à présenter une autre image de l'Amérique que celle hégémonique et expansionniste, telle qu'elle est vue actuellement. C'est pourquoi la délégation du MEPI, qui séjourne près d'une semaine en Algérie, n'a pas du tout chômé. Elle s'est entretenue, successivement, avec les directeurs des journaux, des responsables de partis politiques, des présidents des associations et ONG et autres leaders d'opinion. Hier, encore, elle devait être reçue au siège de l'APN, du Sénat, aux ministères des Affaires étrangères, de la Justice et de l'Education. La mission doit faire le constat des programmes déjà lancés et prendre connaissance des nouveaux projets à soutenir à hauteur de 9 millions de dollars.