Le département d'Etat américain a nommé Peter Mulrean en qualité de nouveau directeur du bureau régional de Tunis de l'Initiative de partenariat avec le Moyen-Orient (MEPI), couvrant le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte, les territoires palestiniens et le Liban. Le diplomate américain séjourne depuis lundi à Alger, dans le cadre de sa première tournée dans les six pays. Il a été reçu, lors de son séjour de deux jours en Algérie, par le directeur général adjoint du département Amérique du Nord au ministère des Affaires étrangères, Mourad Adjali, et s'est entretenu avec des représentants d'ONG. Dans un point de presse animé, hier, au siège de l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique, en compagnie de son adjoint de mission, Mark Sever, le directeur régional du MEPI a rappelé les objectifs assignés au MEPI initié par le département d'Etat en 2003. Le MEPI, a-t-il indiqué, « est destiné à soutenir les réformes économiques et politiques (...) » entamées par les pays de la région. Les programmes prévus par l'initiative américaine, a ajouté M. Mulrean, accordent un intérêt à l'éducation et visent à épauler les changements allant dans le sens d'une amélioration de la situation de la femme. Le diplomate américain a souligné, à cette occasion, que son pays « est persuadé que les réformes durables ne peuvent réussir que si elles proviennent de l'intérieur de la société. Elles ne peuvent pas être imposées de l'extérieur », a-t-il déclaré. L'idée de lancer un partenariat avec les pays du Moyen-Orient tient aussi de la volonté des Etats-Unis, a mentionné M. Mulrean, de rattraper le temps perdu au plan de la coopération avec cette région du monde. Une coopération à travers laquelle l'administration américaine escompte notamment nouer un dialogue « continu et fructueux » pour dépasser les résistances ou les appréhensions exprimées à l'égard de sa politique arabe. A quels acteurs, en particulier, s'adressent les programmes du MEPI ? Peter Mulrean a répondu à cette question en disant que son souhait est de « développer un partenariat aussi vaste que possible avec les peuples de la région et leurs gouvernements ». Pour rendre compte du « sérieux » du projet, Peter Mulrean a cité l'initiative de créer des bureaux régionaux du MEPI (Tunis et Abu Dhabi) « comme la preuve tangible de l'engagement du gouvernement américain pour travailler sur le long terme à la construction de ce partenariat ». « Ces bureaux régionaux nous aideront à être à l'écoute des voix de la réforme dans la région et à concevoir des programmes pour les soutenir. Nous avons cru, depuis le début, qu'il était important d'installer un bureau régional en Afrique du Nord, car nous sommes conscients que cette région est à bien des égards différente du Moyen-Orient », a-t-il mentionné. Libertés de la presse et d'expression A la question de savoir quelle appréciation il se faisait de la situation en Algérie, le directeur régional du MEPI a spontanément répondu que celle-ci était « très bonne ». M. Mulrean s'est réjoui, par ailleurs, des réformes lancées par le gouvernement et a estimé que le débat engagé sur le code de la famille a « quelque chose de très sain ». Il s'est refusé, toutefois, d'en dire plus sur la question en rappelant qu'il s'agit d'un débat « interne ». Peter Mulrean n'a également pas voulu approfondir son analyse de l'Algérie en raison, a-t-il dit, de son manque de maîtrise du dossier. Au titre des programmes du MEPI ayant bénéficié à l'Algérie, il a indiqué que les interventions de son organisme ont consisté, entre autres, à accompagner le gouvernement algérien dans l'opération de mise à niveau de ses lois économiques. M. Mulrean a rappelé aussi l'intérêt porté par le MEPI aux médias. Prenant le relais en langue arabe, Marc Sever, visiblement mieux au fait de l'actualité algérienne, a noté, pour sa part, « des progrès concrets sur les plans politique et économique ». Il a relevé également « une avancée en matière d'ouverture de l'économie algérienne ». A l'occasion, il a d'ailleurs tenu à réitérer le soutien de son pays « au processus d'adhésion de l'Algérie à l'OMC ». Néanmoins, l'adjoint de M. Mulrean a signalé « quelques carences en matière de libertés de presse et d'expression ». « Nous soutenons la liberté de la presse. Ces questions sont comprises dans le dialogue que nous menons avec le gouvernement et les médias algériens. Nous souhaitons l'émergence d'une presse libre mais qui soit responsable. Tout comme nous restons attentifs aux efforts investis dans le domaine de la transparence », a-t-il déclaré. Destinée à 14 pays, l'Initiative de partenariat avec le Moyen-Orient a, rappelle-t-on, bénéficié d'une enveloppe de 100 millions de dollars durant l'exercice 2004. Celle-ci était de 129 millions de dollars en 2003. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les programmes du MEPI s'insèrent dans une logique de complémentarité avec la guerre contre le terrorisme menée par les Etats-Unis.