Le visiteur des communes de la wilaya de Jijel, notamment celles au potentiel agricole reconnu, est très vite surpris par l'état d'abandon des terres agricoles. Des centaines d'hectares, pour ne pas dire des milliers, sont abandonnés dans les vastes plaines fertiles de cette wilaya qui aurait pu prétendre au rôle de pourvoyeur en fruits et légumes du marché national. Et pour cause, il y a quelques années, elle a eu même l'honneur d'exporter des produits maraîchers vers l'Europe, avant que la déprime ne gagne l'ensemble des terres les plus arables. Jusque dans les années 1980, la commune de Settara, un village rural de l'est de la wilaya, était le vivier de diverses cultures. L'est algérien était alimenté à partir de cette localité, selon le maire, avant que l'agriculture ne perde tout son sens. Rencontrés sur les lieux, des fellahs n'ont pas hésité à déclarer qu'il n'y a plus d'activité agricole dans la région. Un aveu qui renseigne, on ne peut mieux, sur une situation qui semble n'avoir aucune solution en perspective. Au village agricole de Belghimouz Medeghri, connu pour avoir été la fierté des petites gens, tirées de la misère par le défunt président, Houari Boumediene, qui leur a offert le travail de la terre, l'oisiveté a pris le relais des activités dans les champs. La vocation agricole de ce village, qui semble tourné vers d'autres préoccupations, n'est plus d'actualité. Même les habitants n'ont plus de rapports avec le travail de la terre, reconnaît-on. A perte de vue, tout au long de la double voie expresse de la RN43, on ne fait que constater avec un profond dépit des terres en jachère sans la moindre exploitation. L'arboriculture qui faisait le bonheur des agriculteurs, n'existe plus. Les espaces agricoles ont été squattés et le tissu foncier des terres fertiles a fait l'objet d'agressions de la part de certains barons, qui, dans l'impunité, y ont érigé des villas et des garages. La politique agricole menée jusque-là aurait conduit à cette faillite, selon des agriculteurs qui estiment que l'Etat n'a pas accordé suffisamment d'aide pour la relance du secteur. «Les milliards dépensés dans les réformes initiées, il y a quelques années, n'ont fait que conduire à ce délaissement des terres», déplorent certains.