Au nom de la liberté d'expression et du droit à l'information, les citoyens arabes se sont accommodés de la chaîne Al Jazeera, propriété de l'émir du Qatar. Son intrusion dans le paysage médiatique a permis d'avoir un regard autre sur le Monde arabe, et particulièrement sur les régimes dictatoriaux et rétrogrades qui le dirigent. On suivait avec attention les débats organisés avec les oppositions arabes et sur l'absence de démocratie dans cette région du monde. Al Jazeera a même réussi le tour de passe-passe de nous faire oublier que son patron est un émir obscurantiste, qu'elle est domiciliée dans un pays où la liberté est considérée comme une invention judéo-chrétienne impie, que le Qatar avec l'Arabie Saoudite et le sultanat de Brunei sont les seuls pays au monde où le sport est strictement interdit aux femmes. Nous n'avons pas oublié que son prêcheur vedette est un certain Al Qaradhaoui, qui a fait l'apologie du terrorisme islamiste en Algérie et qui continue à faire du mal aux peuples arabes, il distille des prêches venimeux. Mais hier, la chaîne qatarie a dépassé les limites de la lâcheté et de la malhonnêteté. Elle a, en effet, annoncé sa décision de diffuser les horribles vidéos des tueries commises par le jeune Français Mohamed Merah à Toulouse. Mal lui en prit. Nicolas Sarkozy est intervenu en personne pour interdire à la chaîne, en la menaçant, la retransmission du document. Elle qui a toujours méprisé les remarques arabes sur son comportement partisan, se plie par contre devant les injonctions françaises. Son porte-parole ose même prétendre qu'elle agit ainsi «conformément à son code d'éthique». Et on apprend au détour de cette déclaration qu'elle s'est transformée en indic de la police française à laquelle elle a refilé des vidéos intitulées «Al Qaîda attaque la France». La chaîne de l'émir de Qatar n'a eu aucun scrupule et aucune pudeur à diffuser des vidéos du GIA représentant des scènes de décapitation et de torture de jeunes Algériens par les terroristes islamistes du FIS. Elle n'a jamais pensé à respecter la douleur de la mère algérienne, poursuivant avec une froideur criminelle sa propagande pour l'islamisme. Elle vient de révéler ce qu'elle est : une officine mercenaire à la solde des puissants.