La chaîne arabe Al Jazeera qui avait fait de la liberté d'expression sa devise (l'opinion et l'opinion contraire), s'est transformée le temps d'un Printemps arabe en véritable outil de propagande. Depuis décembre 2010, Al Jazeera s'est transformée en un véritable outil de guerre médiatique, bouleversant sa programmation et annulant des émissions de débat contradictoire qui avaient fait sa réputation. La fermeture de ses bureaux en Tunisie, en Irak, au Koweït, en Syrie, au Maroc et bien avant en Algérie, ne l'a pas empêchée de distiller depuis Doha, une guerre sans images réelles mais surtout sans merci contre certains régimes arabes. Au nom d'une démocratie qui n'est pas applicable au Qatar, elle donne des leçons de démocratie, de liberté d'expression et de transparence dans un pays, dont l'armée est composée essentiellement de militaires soudanais naturalisés. Loin de son professionnalisme reconnu et son objectivité saluée, Al Jazeera est tombée dans un cercle infernal de règlement de comptes avec des dirigeants arabes qui n'ont jamais accordé une quelconque importance à son action diplomatique dans le monde arabe. Ne disposant pas de reporter, dans les pays où il y a des troubles, Al Jazeera a réussi imposer les «images» vidéos prises avec des portables, par des «reporters» anonymes, rediffusées par les télévisions du monde entier. C'est devenu même une mode de diffuser des images amateures montrant des crimes dans des pays où il y a des troubles. Tout a commencé en Tunisie. Pendant plus d'un mois, Al Jazeera a été le seul média dans le monde à parler de l'affaire de Bouazizi. Confiné dans sa rubrique maghrébine à 22h, la médiation des événements en Tunisie s'est développée vers janvier 2011. dans le même temps où des émeutes éclatent en Algérie, Al Jazeera tente de mettre de l'huile sur le feu en faisant intervenir Abassi Madani pour récupérer le mouvement islamiste dissous en 1992, en vain, l'Algérie et sa jeunesse n'ont pas suivi. Al Jazeera va alors faire l'impasse sur la fameuse marche du 12 février à Alger, prétextant qu'elle était occupée avec la révolution égyptienne. Elle a cependant grandement contribué à chasser Ben Ali du pouvoir. Dans la foulée, Al Jazeera est dénoncée par WikiLeaks comme étant «un outil diplomatique efficace» selon une note de Joseph LeBaron, ambassadeur américain au Qatar, publiée le 6 décembre par le quotidien britannique The Guardian. Cette affirmation va renforcer encore plus son emprise sur les pays arabes qui n'ont pas réussi à contrer la machine médiatique Al Jazeera. La peur de la chaîne est devenue une certitude chez certains régimes autoritaires. Après la Tunisie, Al Jazeera s'est attaquée à un pharaon de la communication: l'Egypte, qui avec son célèbre Al Ahram, ses dizaines de télévisions privées et sa puissante chaîne publique Al Masrya, n'a pas résisté et a vu la chute des Moubarak. Celui-là même qui un jour, en visitant le siège d'Al Jazeera, l'avait qualifiée de boite d'allumettes. Après la chute de Moubarak, Cheikh Hamad bin Thamer Al Thani, instrumentalise sa chaîne pour faire tomber le président yéménite Ali Abdallah Saleh. Tout en zappant les révoltes au Bahreïn sous prétexte que ce sont des chiites. La campagne contre les régimes arabes se poursuivra avec la Libye puis la Syrie, diffusant toute image possible sur les révoltes dans ces deux pays. Mais Al Jazeera va outrepasser sa mission d'informer et devenir en Libye, la télévision des insurgés et du CNT. C'est à travers Al Jazeera que Abdeljalil, «homme de main» d'El Gueddafi dans le passé, héros et chantre de la démocratie aujourd'hui, lançait ses accusations sans preuve contre l'Algérie. Le Qatar offrira même le soutien logistique, financier et médiatique au CNT, sans pour autant montrer son véritable visage. Ce CNT, qui avait éliminé son plus valeureux chef militaire et trois de ses colonels, n'a pas été inquiété suite au silence d'Al Jazeera sur cette affaire. De fait, le mystère entoure toujours la mort du général Younès. Sur le plan communication le CNT s'est révélé un piètre communiquant. Il avait menti en déclarant en exclusivité sur Al Jazeera avoir capturé Seif el-Islam, avant d'être démenti par l'image et le son. Pis encore, Al Jazeera diffuse de fausses images de liesse sur la place verte, alors que le lieu était toujours aux mains des hommes d'El Gueddafi. Al Jazeera n'a diffusé aucune image des bombardements de l'Otan ni les massacres de la population à l'entrée de Tripoli. La télévision qatarie était totalement dédiée aux rebelles et au mouvement terroriste ou les sympathisants d'Aqmi. Loin d'être une télévision d'opinion Al Jazeera s'est dangereusement transformée en média de propagande.