Les voleurs agissent en plein jour et en toute quiétude. Les vols de câbles ne cessent de faire l'actualité à Blida. Des réseaux spécialisés dans la récupération du cuivre à partir des câbles agissent en toute impunité et auraient même des complices, puisque voler en plein jour n'est pas chose évidente ! Le réseau en question exporte le cuivre volé à coups de devises.Cela se passe au moment où Algérie Télécom fait de la restriction d'information, en centralisant tout au niveau de la direction générale. «Désolé, je ne peux rien dire. Il faut voir avec la cellule de communication de la DG», nous a déclaré le directeur d'Algérie Télécom de Blida. Ces jours-ci, ce sont une centaine d'entreprises, relevant de la zone industrielle de Ben Boulaïd et de la zone Atlas, qui demeurent sans téléphone fixe depuis le début du mois de mars. La cause : les câbles souterrains du réseau téléphonique ont été volés en plein jour, a-t-on appris sur les lieux. Il s'agirait, selon la concordance de plusieurs dires, d'un groupe de malfrats professionnels spécialisés dans le commerce illicite du cuivre. «Pour se faire passer pour des ouvriers relevant d'une entreprise privée ou étatique, ils sont venus avec un camion et tout l'équipement vestimentaire nécessaire : tenues, casques, outillage…». Plus que cela, des ouvriers d'Algérie-Télécom ont fait savoir qu'il faut avoir des informations bien précises sur le réseau et un équipement spécifique plus une formation des intervenants dans de telles opérations de découpage de la câblerie souterraine du reste du réseau. Ces voleurs à la touche «pro» ont profité vraisemblablement des travaux de réhabilitation de l'axe principal qui traverse la zone industrielle de Ben Boulaïd et la zone Atlas reliant la ville de Blida à la commune de Beni Tamou, pour se noyer dans les chantiers et accomplir leur forfait. D'autres versions tout à fait contradictoires continuent de nourrir la vox populi quant à cette opération de vols spectaculaires de câbles téléphoniques. Dès lors, et au vu de la «qualité» de l'opération du vol et du mode opératoire, toutes les hypothèses sont permises. Une seule question mérite d'être posée : y a-t-il complicité quelque part ? «Si on n'avait pas le téléphone mobile, on serait revenu à l'âge d'avant l'ère de la vapeur», ironise un responsable de la zone industrielle de Ben Boulaïd. Toutefois, cet outil de la technologie ne saurait remplacer d'autres services tels que le fax ou l'Internet qui sont aussi perturbés par cet acte de vol. «Ce dysfonctionnement va nous faire perdre beaucoup de clients qui ont l'habitude de nous joindre par le fixe ou le fax. Il y a aussi nos sites sur la Toile du Web et nos e-mail qui sont compromis pour l'instant, ce qui va nous priver d'informations utiles sur le marché, ainsi que de nombreuses transactions et commandes qu'on traitait par ce biais. Je suis obligé, pour les besoins de la connexion et le suivi de mes correspondances via la Toile de me déplacer ailleurs», affirme un gérant d'une entreprise. Plusieurs requêtes ont été envoyées à la direction d'Algérie Télécom de Blida, alors qu'un industriel parle de refus de réception de sa requête par les services concernés. D'autres sites aussi concernés Même constat du côté de la cité CNEP Bounama Djillali (Sidi Abdelkader). Ce quartier très peuplé a subi à son tour les affres d'une descente nocturne des voleurs de câbles. En effet, une vingtaine de personnes se sont rapprochées des services d'Algerie Télécom pour signaler une coupure subite de l'Internet il y a plus d'une semaine. Après vérification, il s'est avéré que cela était dû au vol de câbles. Le rétablissement de la connexion ne sera possible qu'au-delà d'un délai de 20 jours ou plus, a-t-on fait savoir aux abonnés. Durant la fin de l'année 2011, c'est tout le quartier populaire de Khazrouna qui était concerné par ce phénomène, où des milliers de riverains ont été privés du téléphone et de l'Internet pendant plus d'un mois. Il y a eu réparation par la suite, mais c'était beaucoup plus du bricolage, puisqu'à ce jour, les pannes récurrentes de l'Internet continuent de concerner ce quartier. Une partie de Boufarik a aussi assisté à un phénomène similaire il y a moins de deux mois. Les deux entreprises relevant du groupe Sonelgaz, Etterkib et Inerga, ont été préjudiciablement touchées. Qu'il s'agisse des citoyens ou d'industriels, un consensus se dégage : il ne suffit pas de faire des patrouilles, mais il s'agit de revoir de fond en comble toute la stratégie sécuritaire pour frapper fort sur la main de ces fauteurs de troubles qui, désormais, agissent ostentatoirement avec un sentiment d'impunité avéré. A moins qu'il y ait complicité quelque part…