Cet état de fait s'est accentué à la faveur de la levée du gel de la loi portant sur l'exportation des déchets ferreux. Depuis le début de l'année, le vol de câble téléphonique a causé un préjudice financier de près de 90 millions de dinars à Algérie Télécom. Une trentaine de vols ont été commis en deux mois. Aucune localité n'est épargnée. Conséquences immédiates, plus de 9050 foyers sont isolés du reste du monde. Pour rappel, en 2007, les pertes financières enregistrées par Algérie Télécom avoisinent les 300 millions de dinars. Quelque 11.134 abonnés ont, alors, été coupés du réseau. La wilaya d'Oran est en passe de devenir une plaque tournante du trafic du cuivre. Le vol de câble tend à se généraliser. Des barons établis au Royaume chérifien tirent les ficelles. Plusieurs régions urbaines et semi-urbaines sont de plus en plus la cible privilégiée des pilleurs de câble, dont notamment les zones industrielles de Hassi Ameur et d'Es-Sénia, à la cité Djamel, En-Nedjma, El Mohgon et au centre de Sidi Chahmi. La petite bourgade de Aïn El Beïda, rattachée administrativement à la commune d'Es Senia, est sévèrement touchée. Le réseau liant cette localité au reste du monde a totalement disparu. En un mois, plusieurs kilomètres de câbles ont disparu à la suite de six cas de vols consécutifs. Une véritable saignée. Un état de fait pénalisant les habitants et les quelque 30 kiosques multiservices y exerçant. Tomber malade la nuit signifie la mort au bout du «... fil» à Ain El Beida. «Ce n'est pas la première fois que les câbles sont déterrés» dénonce un habitant. La direction d'Algérie Télécom tire la sonnette d'alarme. «Une réflexion est ouverte au niveau de l'opérateur historique», nous apprend Nadia Benachour, chargée de communication. Elle porte sur les moyens à mettre en oeuvre pour préserver ce qui reste du réseau totalement saboté et stopper la saignée. La Gendarmerie nationale traque, quotidiennement, ces voleurs de câbles. Mais c'est loin d'être une mince affaire. Le phénomène n'est pas près de s'estomper. Selon un enquêteur, le phénomène s'est répandu, ces derniers mois, sur plusieurs localités. Pour l'heure, ajoute-t-il, toutes les hypothèses sont prises en considération, y compris la complicité au sein des partenaires d'Algérie Télécom. «Nous avons affaire à un réseau agissant en parfaite connaissance du terrain», souligne notre interlocuteur. En effet, s'interroge notre source: «Comment ces voleurs arrivent-ils, en un temps record, à déterrer plusieurs mètres de câbles, les rouler, et prendre la fuite, sans susciter de suspicions?». Le comble, est que ces mêmes voleurs ne font plus distinction entre le cuivre et le câble-fibre optique. Cet état de fait s'est accentué à la faveur de la levée du gel de la loi portant sur l'exportation des déchets ferreux et la complicité des barons du cuivre qui agissent à partir du Royaume chérifien. Etant une denrée rare, et au vu des cours élevés sur le marché mondial, le cuivre tend à devenir une denrée prisée. Faute de pouvoir exporter, à partir d'Oran, les frontières ouest du pays sont les plus en vue. Un coup dur est asséné à l'économie nationale. Il n y a pas longtemps, une quantité importante du cuivre a été interceptée et saisie au niveau des frontières de l'ouest du pays. Le cuivre est aisément exporté à partir des ports marocains vers les pays de l'autre rive de la Méditerranée.