Nous ne sommes manipulés par aucun parti politique et les hostilités qui existent entre le FLN et le RND ne nous intéressent guère. C'est notre dernier souci. Nous sommes un syndicat agréé qui ne revendique que l'amélioration du cadre de vie des enseignants. Nous ne cherchons ni à casser M. Benbouzid ni M. Ouyahia... », a indiqué hier M. Ider, premier responsable de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (UNPEF). Cette mise au point est adressée à ceux qui veulent “transposer” le problème et tentent par tous les moyens de noyer le poisson. Notons qu'une délégation de l'UNPEF s'est rendue ce jeudi au siège du département de M. Benbouzid suite à l'invitation au dialogue lancée par celui-ci. Malheureusement, la rencontre, selon les représentants de l'UNPEF, n'a abouti à aucun résultat. « Le ministre conditionne le dialogue par la levée du préavis de grève. Or nous sommes poursuivis en justice par ce même ministère pour avoir déposé un préavis de grève. Ce n'est pas normal. D'autant plus que le recours au débrayage a été décrété par la base et non pas par les responsables des syndicats », rappellera M. Ider qui précisera que le tribunal rendra son verdict aujourd'hui par rapport à la plainte déposée contre eux par le ministre de l'Education. « Nous avons en notre possession un dossier en béton que nous présenterons aujourd'hui au juge lors de l'audience. Nous sommes un syndicat respectueux des lois et nous avons suivi toutes les procédures exigées par les textes et portant sur le mouvement de grève. Toutefois, quelle que soit la décision de la justice, il nous est difficile de réunir à la veille du débrayage la base », a soutenu le premier responsable de l'UNPEF qui n'a pas nié que le ministre est disposé et s'est même engagé à prendre en charge tous les problèmes internes que rencontre le syndicat. Par contre, le ministre s'est dit dans l'incapacité de régler les problèmes soulevés dans la plate-forme de revendication et portant sur l'augmentation des salaires et le statut de l'enseignant. « Si ni le ministre de l'Education ni le chef du gouvernement ne peuvent régler ce problème, nous allons faire appel au président de la République pour qu'il intervienne le plus tôt possible afin de régler ce problème qui pèse lourd sur l'enseignant, l'élève et l'école de manière générale. Le premier magistrat du pays est notre ultime recours”, a souligné M. Ider qui a dénoncé les agissements du ministère qui a enfreint la loi 90-02 dans son article 27 en leur interdisant de tenir leurs assemblées générales. “Nous avons tenu nos assemblées dans les cafés et dans des lieux publics et tous les enseignants affiliés à notre syndicat sont mobilisés et déterminés à aller vers le débrayage. A cet effet, nous maintenons la grève prévue pour les 19,20 et 21”, dira-t-il. Le ministre de l'Education a, pour sa part, rendu publics les grands axes de cette rencontre. Il fera remarquer que l'ensemble des points contenus dans la plate-forme de revendication ont été examinés et ont fait l'objet d'un large échange de points de vue, et ce, à la lumière aussi bien des conditions socioprofessionnelles des enseignants du secteur de l'éducation nationale que de la situation sociéconomique globale du pays. ”Le ministre s'est engagé à solutionner les problèmes exposés par l'UNPEF tant au niveau local que national et a pris note des revendications à caractère national et à maintenir ouvertes les portes du dialogue et de la concertation avec les syndicats agréés”, expliquent les responsables du ministère qui appellent les enseignants à faire preuve de responsabilité et de sagesse et les exhortent à se départir des positions extrêmes pour privilégier le dialogue et la concertation. Par ailleurs, le premier responsable du Conseil des lycées d'Alger (CLA) qualifie de “grossière manœuvre” les propos du ministre de l'Education pour faire accroire à l'opinion publique et au juge que la tutelle est en conformité avec les normes obligatoires de la négociation telles qu'énoncées par les articles 15, 16, 17, 18, 19 et 20 de la loi du 6 février 1990. Ces articles font obligation aux institutions et aux administrations publiques de rencontrer les représentants des travailleurs et de soumettre le différend à la conciliation et à défaut à l'arbitrage du conseil paritaire de la fonction publique. « En disant qu'il est prêt à examiner les revendications locales et nationales des enseignants à condition qu'elles se fassent avec les syndicats agréés, le ministre bloque, de fait, le dialogue social, en camouflant son refus de négociation par une affirmation sur la légalité des syndicats CLA et CNAPEST sans qu'il s'appuie sur aucune disposition de la loi dont il n'est jusqu'à preuve du contraire ni le dépositaire attitré ni l'interprète autorisé”, explique le responsable du CLA qui espère que le juge en référé se déclare incompétent, car la grève est une liberté fondamentale consacrée par la Constitution et que son traitement et son examen appartiennent à d'autres cours de tribunaux.