La conférence régionale, organisée jeudi dernier par l'Union démocratique républicaine (UDR) à Constantine en direction des cadres et militants du parti, a été l'occasion pour le secrétaire général Amara Benyounes de se prononcer sur les dossiers chauds de l'actualité nationale et internationale. Usant d'un discours franc, l'ex-numéro 2 du RCD se disculpera de l'étiquette « qu'on essaie de nous coller comme étant un parti proche du pouvoir. Nous existons depuis deux ans, notre 1er congrès remonte à une année et demie et nous ne voyons toujours pas venir notre agrément, nous n'avons donc aucun privilège », et d'ajouter : « Nous avons remis le dossier le plus complet possible, sans que cela porte ses fruits. » Pour revenir sur le soutien de son parti au président Bouteflika, le conférencier dira : « Nous croyons que seul Bouteflika est apte à gérer la situation délicate du pays et ce pendant de longues années encore. » Une idée qui nous pousse à croire que Benyounes a abandonné son combat pour l'alternance du pouvoir, puisqu'il dira plus tard dans son discours qu'il est prêt à se concerter avec les autres partis démocratiques pour peu que ces derniers respectent deux conditions, d'abord que le débat sur le zaïmisme à la tête d'un front démocratique soit exclu (chose tout à fait normale), et ensuite que ce front ne soit pas un front contre Bouteflika ! On est en droit de se demander ce que ferait un front démocrate s'il ne s'opposait pas à la politique du pouvoir ou de Bouteflika ? M. Benyounes souhaiterait-il une alliance présidentielle bis aux couleurs démocratiques et que tout ce monde se fonde sous l'aile présidentielle !? Les ambitions électorales se limiteraient aux postes ministériels et un hypothétique poste de chef du gouvernement. Si M. Benyounes a eu un discours franc et séduisant, ce volet-là reste très ambigu tant que les ambitions de l'ex-ministre demeurent contradictoires. Son parti existerait donc pour avoir le pouvoir, mais en même temps, il souhaiterait que le président Bouteflika reste Président pendant de longues années encore. Durant son discours, M. Benyounes se montrera hostile à la politique de certains ministres du gouvernement et épargnera dans sa critique le chef du gouvernement Ouyahia. Il s'en prendra à M. Belkhadem pour sa position au sein de l'Alliance présidentielle, en citant l'épisode de l'augmentation des salaires, le soupçonnant d'avoir entamé une campagne électorale précoce en vue des échéances politiques de 2007. Le SG de l'UDR ne manquera pas aussi de rapporter des événements sensibles, comme le meeting organisé par le MSP à la salle Harcha, où étaient présents MM. Bouguerra et Belkhadem. Les participants scandaient des slogans en faveur de Zarqaoui et Ben Laden, ceux-là mêmes qui ont été responsables de la mort de deux diplomates algériens en Irak. Qualifiant l'attitude des deux ministres d'indigne, M. Benyounes reviendra aussi sur les élections partielles en Kabylie, en se demandant quel crédit accorder à des responsables élus par 4% de la population. Il ne manquera pas de revenir sur l'interview accordée par Madani Mezrag à Jeune Afrique et dira à ce sujet : « Je le considère toujours comme un terroriste. Comment faire autrement puisque lui-même pense toujours comme un chef terroriste qui a son armée... » Et d'enchaîner sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale en la qualifiant de ce qui pouvait arriver de mieux aux Algériens, puisque cette charte stipule que les ex-dirigeants du FIS dissous n'auront plus le droit d'exercer de la politique. Il dira enfin que la défaite militaire du terrorisme ne doit pas se transformer en victoire de l'islamisme.