C'est, en somme, ce qui ressort de l'avis des magistrats et autres juristes qui ont débattu de la question jeudi dernier lors d'une journée d'étude sur la médecine légale, organisée par la cour de Béjaïa, en collaboration avec la direction de la santé. « L'objectif de cette journée est d'arriver à une meilleure coordination avec les médecins légistes et de faire réduire le nombre d'autopsies pratiquées », a déclaré Laâzizi Mohamed Tayeb, procureur général près la cour de Béjaïa. Ainsi, on a tendance à trop recourir à l'autopsie. Ordonnée généralement dans les cas de mort non naturelle, elle fait aussi suite à l'exigence d'éluder les circonstances d'une « mort suspecte » aux yeux de ses demandeurs et que mentionnent des fois « exagérément », estiment certains magistrats, des certificats de décès. Parce que les différents certificats médicaux constituant des « pièces maîtresses dans le dossier de justice », l'accent est mis sur l'importance de leur rédaction scrupuleuse. A Béjaïa, ce sont 170 autopsies qui ont été pratiquées durant l'année 2004 et opérées toutes par le seul médecin légiste de la wilaya, le docteur Gani Smaïl. Le nombre est important au point d'avoir sollicité les services de médecine légale d'autres wilayas. Outres les magistrats, les compagnies d'assurances et les caisses de sécurité sociale ont, au vu de la loi, le droit de demander des autopsies. Tout comme les parents qui ont exigé, dans certains cas, à autopsier leurs proches décédés. Les doutes de « mort suspecte » qui accompagnent ces demandes ne sont pas toujours vérifiés puisque 25% des autopsies (43 décès) pratiquées dans la wilaya ont conclu à une mort naturelle. Ailleurs, les bilans établis le sont presque dans la même proportion. « A Boumerdès, par exemple, la moyenne est entre 140 et 150 autopsies par année », selon M. Boulassel Brahim, secrétaire général de la société des médecins légistes, pour qui cette journée d'étude « est une première ». A Béjaïa, « le plus souvent, les rapports d'autopsie sont établis et transmis plusieurs semaines, voire plusieurs mois après ». Les raisons ? Le docteur Gani Smaïl les énumère : « La masse de travail médico-légal (...), les analyses demandées sont pratiquées hors wilaya, la date de la mort toujours demandée par les magistrats, le problème socioculturel » qui fait que la famille du défunt réclame le corps pour l'inhumation. Dans les recommandations de la journée, il a été prôné une meilleure exploitabilité des certificats médicaux, en général, et une meilleure collaboration entre les services de la santé et de la justice, deux secteurs en réforme.