Love is stronger than pride (L'amour est plus fort que l'orgueil), chantait il y a plusieurs années Sade Adu. L'amour, l'orgueil et la force sont justement présents dans l'œuvre de Michel Hazanavicius, The Artist, à travers laquelle le cinéma reprend tous ses droits l Ou presque. The Artist a été projeté, samedi soir, à la salle Cosmos du centre Ryadh El Feth, à Alger, lors de la clôture des Journées du film méditerranéen organisées par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et la société de production et de distribution MD Ciné. Le public est venu nombreux voir l'un des films français les plus récompensés (100 prix) de l'histoire. Grâce à The Artist, Jean Dujardin, qui a interprété le rôle du comédien George Valentin, est devenu le premier Français à décrocher l'Oscar du Meilleur acteur. Le film, produit par Thomas Langmann, a obtenu quatre autres Oscars américains, dont celui du Meilleur film. L'académie des Oscars, qui n'a jamais donné autant de prix à un long métrage français, voulait, entre autres, remercier Michel Hazanavicius et son équipe pour avoir «rappelé» que le 7e art est d'abord de naissance américaine. The Artist, qui raconte admirablement le passage blessant du cinéma muet vers le parlant, a été tourné à Hollywood, gardant son titre en anglais. Cela ne peut que plaire aux Etasuniens. Les Québécois, attachés à la langue de Voltaire, ont vite changé le titre, cela a donné L'artiste ! L'histoire est simple. Elle commence entre les deux grandes guerres, en 1927. George Valentin (Jean Dujardin), comédien vedette du cinéma muet, croit que son étoile est éternelle. Il savoure sa popularité portée par un certain orgueil, une suffisance. Mais voilà que le cinéma prend la parole et qu'une jeune comédienne, Peppy Miller (Bérénice Béjo), escalade les marches de la gloire à vive allure. Al Zimmer (John Goodman), le patron des studios Kinograph, est intraitable : Valentin «ne fait plus l'affaire». Au suivant. L'industrie du cinéma est ainsi faite, celui qui tombe ne peut plus se relever. Accompagné d'un chien, véritable personnage dans le film, l'ex-star sombre dans l'alcool et la déprime. Sa vie est le cinéma. Pas autre chose. Il sera «sauvé» par l'amour sincère de Peppy Miller qui, pour un temps, utilise les hommes comme des «gadgets». C'est le tendre drame des gens du spectacle. Tourné en noir et blanc et presque entièrement muet, The Artist se veut d'abord un hommage au 7e art et à la passion, voire la folie, qu'il suscite. L'histoire passe en second plan. Tout est dans l'idée et dans la forme choisie pour l'exprimer. La musique symphonique de Ludovic Bource sert de support essentiel. Une musique inspirée des compositions des années 1930 et 1950, celles qui accompagnaient notamment les films de Charlie Chaplin ou d'Alfred Hitchcock. Ludovic Bource, qui a déjà travaillé avec Michel Hazanavicius pour OSS 117 : Rio ne répond plus, a su restituer l'atmosphère de l'époque en remplaçant la parole. Michel Hazanavicius s'est, lui, amusé en offrant aux spectateurs une comédie plaisante, bien habillée, de quoi en mettre «plein» les yeux aux jurés des festivals. C'est un autre film sur le cinéma, un film différent, frais, mais sans grande profondeur. Bref, The Artist est un beau film, ce n'est pas un chef-d'œuvre. La brillance qui l'entoure fait oublier l'essentiel. C'est une tare.