Quand les habitants de Mechroha protestent contre le passage dans leur localité des semi-remorques transportant le minerai de fer en provenance d'El Ouenza (Tébessa), les chauffeurs de ces poids lourds changent momentanément d'itinéraire et bifurquent par le village Menzel-Bouguetta. Quand ce sont les citoyens de la RN16 qui adressent des doléances aux autorités locales pour demander protection, les mêmes conducteurs empruntent les ruelles du quartier résidentiel Djenene Teffeh pour détourner l'attention des contestataires. Ce jeu qui dure depuis que les chemins de fer n'assurent plus le transport régulier de la matière première utilisé par le complexe sidérurgique d'El Hadjar, reste sans arbitre et ce sont les gens de Souk Ahras qui en pâtissent. «Venez voir l'état des chaussées, des trottoirs et des poteaux électriques et jugez-en vous-même», nous dit Karim, un quadragénaire qui tient certains chauffeurs de ces véhicules pour responsables de la dégradation de l'environnement dans la wilaya. A Zaârouria et Aïn Seynour, deux contrées connues pour leurs routes sinueuses et leur relief accidenté, des citoyens imputent la majorité des accidents mortels de la circulation à ces engins. «Nous sommes conscients de l'importance de l'opération pour l'économie nationale mais n'est-il pas de notre droit de demander à ce que les chauffeurs soient plus respectueux du code de la route, de l'environnement et de la quiétude des citoyens. J'ai été témoin à 4 heures du matin d'un comportement puéril de deux conducteurs qui se livraient à une course avec leurs camions tout en provoquant un bruit assourdissant», affirme un autre citoyen. Des élus de l'APW qui ont déjà soulevé ce problème, lors de la toute dernière session, sont du même avis. «Imaginez le préjudice causé par le passage biquotidien de 300 semi-remorques à des chaussées prévues pour une cadence nettement inférieure, sans compter les accidents de la route qu'ils causent et les atteintes multiples à la population», a précisé l'un d'eux.