Des particuliers opulents refusent de rendre les logements de fonction, alors que d'autres squattent impunément les espaces publics, dans l'espoir de bénéficier encore de l'habitat. Si ce n'est pas un espace vert ou une ruelle prévue pour les piétons qu'on squatte dans l'impunité totale, c'est un bien immobilier, une terre agricole, un terrain communal, une forêt ou un logement de fonction qu'on occupe illégalement jusqu'à ce que la justice se prononce sur l'affaire ou qu'une commission tienne compte du «fait accompli». A Souk Ahras, le constat ne sied plus à ces prétextes contenus naguère dans la littérature populiste d'une période révolue puisque les auteurs sont plutôt parmi une classe qui étale, sans décence aucune, son opulence. Une confusion préméditée sur la partie devant délivrer une autorisation de bâtir en milieu forestier a créé une ruée sans précédent du côté de Aïn Seynour, dans la commune de Mechroha et, du coup, ce sont des dizaines de situations litigieuses avec la direction des Forêts. Des constructions en béton, des masures et autres logis de fortune ont également poussé tels des champignons le long de la RN 16, en prenant la direction de la commune de Zaârouria. «C'est l'anarchie totale dans cette zone forestière où faune et flore sont quotidiennement agressées. Souvenez-vous de la source naturelle de Aïn Seynour, elle n'y est plus à cause du béton. La perdrix et le chardonneret ont presque disparu et les bidonvilles qui y sont érigés défigurent l'aspect touristique de la région», déclare un citoyen de Mechroha. Non loin de la route nationale, à l'entrée nord de la ville, un bidonville qui jouxte l'unité des peintures de Souk Ahras (UPSA), créé à la faveur d'une transaction avec plusieurs parties responsables. «On nous a promis le relogement dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire. C'est le seul moyen pour avoir un appartement», nous lance un enseignant du cycle moyen qui reconnaît avoir bénéficié auparavant d'un premier logement à la cité Berrel Salah. A Djenene Teffeh, l'affaire de l'espace vert annexé par un fonctionnaire aisé, n'a jamais connu d'épilogue à cause d'injonctions par structure interposées. A Haï Echahid, ce sont des hectares de terrains constructibles pris sur les biens de l'Etat par des particuliers sans que personne ne s'en offusque. «Nous prêchons dans le désert mais nous continuerons à le faire par civisme et responsabilité morale», nous dit un membre du comité de quartier. Nous venons d'apprendre, il y a seulement quelques jours, que l'antenne de protection maternelle et infantile est au centre des appétits voraces d'un particulier qui aurait usé de toutes ses relations pour créer un brouillamini administratif dans l'historique de la propriété. Des précédents ils en existent à Souk Ahras. Une source proche de l'APC nous a confié que les acrobaties juridico-administratives pour désistement sont légion et que «les traces d'anciennes opérations douteuses dans le changement des statuts de certains biens communaux et autres domaniaux sont toujours là». C'est surtout dans les années 1990 que le plus gros des affaires du genre a eu lieu nous confient des retraités de l'administration. Dans le secteur de la fonction publique et certains organismes étatiques, «le marché» des logements de fonction compte, selon une source digne de foi, plus de 600 unités occupées illégalement par des attributaires de logements, toutes formules confondues, qui refusent de libérer le bien d'autrui sinon optent carrément pour la sous-location. C'est quand la pagaille est subrepticement organisée que le lucre fait des émules.