Affichage anarchique, utilisation de langues étrangères dans les meetings, exploitation des moyens de l'administration, recours à la publicité à des fins de propagande électorale… sont, entre autres, les dépassements enregistrés par la Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSEL). Mohamed Seddiki, président de cette instance, affirme avoir examiné, lors d'une réunion du bureau de la Commission, l'ensemble des requêtes enregistrées par ses antennes régionales implantées dans plusieurs villes du pays. Le bureau de la CNSEL a jugé, après étude de dizaines de recours, la saisine de la Commission nationale de supervision des élections, qui est habilitée à saisir le procureur général territorialement compétent en cas de dépassement. «Pour l'heure, cette dernière a pris le train en marche en prenant des décisions qu'elle a notifiées à certains candidats en lice pour les législatives du 10 mai», explique M. Seddiki. Ces décisions concernent l'utilisation par des candidats d'un procédé publicitaire commercial à des fins de propagande électorale dans des chaînes de télévision étrangères, une pratique interdite en vertu de l'article 193 de la loi organique sur les élections. D'autres candidats ont utilisé, dans le même but, des titres de la presse écrite nationale en violation du même article. La Commission a également interdit l'utilisation d'affiches de candidats avec en arrière-plan des images illustrant des réalisations nationales faisant croire qu'ils en sont les initiateurs, en violation du principe d'égalité des chances. Conformément à l'article 14 du décret présidentiel 68-12 définissant son organisation et son fonctionnement, la Commission a saisi le procureur général compétent des dépassements à caractère pénal à l'effet de prendre les mesures légales qui s'imposent. En plus de ce rappel à l'ordre, la Commission présidée par Seddiki envisage de saisir une fois de plus l'instance de supervision pour rappeler à l'ordre ceux qui utilisent les moyens de l'administration pour faire leur campagne. M. Seddiki cite, dans ce cadre, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia : «Lorsque Ouyahia programme un meeting dans une quelconque wilaya, les autorités de la région lui réservent un accueil officiel et lui réunissent les conditions appropriées, pénalisant ainsi les citoyens.» M. Seddiki ne comprend pas si Ouyahia mène campagne pour le scrutin du 10 mai en sa qualité de Premier ministre ou de secrétaire général du RND. Hier à Tizi Ouzou, les citoyens se trouvant aux alentours de la maison de la culture qui abritait un meeting d'Ahmed Ouyahia ont été malmenés par des agents des services de sécurité. «Ouyahia est censé défendre les lois de la République, alors pourquoi il les piétine ? Le patron du RND n'a rien réalisé, c'est grâce à la rente pétrolière que l'Algérie a mis sur pied certains chantiers. Ouyahia devrait réorienter son discours politique», avertit encore M. Seddiki, qui compte saisir l'instance de supervision sur cette question. La CNSEL a aussi demandé au MSP le retrait du portrait de Amar Ghoul, tête de liste à Alger, car son affiche ne répond pas aux normes. «En arrière-plan de cette affiche figure un grand projet réalisé par l'Etat algérien et non pas par le MSP. Ce dernier n'a pas à s'approprier le travail du gouvernement», explique-t-il encore. Autre dépassement : l'utilisation de portraits du président en arrière-plan lors d'un meeting. «Les candidats aux élections législatives doivent s'étaler sur leur programme et non pas sur les réalisations présidentielles. Les gens doivent comprendre que Bouteflika n'est pas candidat à la députation», ironise-t-il.