Pour son attachement aux idéaux de paix et de sécurité, l'Algérie a payé un lourd tribut de ses meilleurs enfants, des hommes qui ont sacrifié leur vie pour le triomphe de la paix entre les deux pays frères, l'Iran et l'Irak, avec, à leur tête, le défunt Mohamed Seddik Benyahia, et un groupe de hauts cadres algériens, que Dieu ait leur âme.» C'est en ces termes que le président de l'APN, Amar Saâdani, rendra hommage, dans son discours prononcé à l'occasion de la visite du président de la République islamique d'Iran, Mohamed Khatami, le 3 octobre 2004, à celui qui voyageait en compagnie de treize de ses collaborateurs à bord du Falcon 20 qui a été abattu le 3 mai 1982 à la frontière turco-iranienne. Celui «qui a fait danser toute l'Afrique» à l'occasion du Festival panafricain de 1969, comme aiment le rappeler certains à Jijel, a été l'un des artisans de l'Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema), qui organisa la révolte des étudiants le 19 mai 1956. Mohamed Seddik Benyahia est né le 3 janvier 1932 à Jijel. Son parcours militant est à plus d'un titre éloquent. Il a occupé le poste de directeur de cabinet du président Ferhat Abbas dans le 2e Gouvernement provisoire de la République algérienne et a été un «collaborateur de grande qualité de Saâd Dahlab» lors des négociations d'Evian, selon le témoignage du défunt M'hammed Yazid. Benyahia a occupé, une fois l'indépendance du pays recouvrée, des postes de responsabilité en tant qu'ambassadeur, ministre de l'Information, de l'Enseignement supérieur, des Finances, avant de se voir confier le fatidique ministère des Affaires étrangères. Dans ce dernier poste, il s'est particulièrement illustré dans le dénouement, en janvier 1981, de l'affaire des otages de l'ambassade américaine à Téhéran. Ces derniers ont retrouvé leur liberté grâce à la médiation du ministre des Affaires étrangères entamée après l'échec de l'opération militaire héliportée américaine, qui s'est soldée par la mort de plusieurs militaires dans le crash d'un appareil. Il y a lieu de rappeler que Benyahia échappera, une première fois, à la mort dans un accident d'avion survenu en 1981 au Mali. L'université et l'hôpital de sa ville natale portent son nom, de même que plusieurs établissements à travers le pays. Cependant, cela n'altère en rien la quête de vérité qui sommeille toujours dans l'esprit des citoyens algériens, particulièrement chez lui à Jijel. Une quête revigorée par l'annonce de la publication des mémoires de l'ancien président de la République, Chadli Bendjedid, et la disparition d'acteurs de l'époque, comme Saddam Hussein. D'aucuns n'arrivent pas à comprendre qu'un président de la République ne tienne pas une promesse faite en…1983. Le désormais ex-chef des redresseurs du FLN, Salah Goudjil, a présidé la commission d'enquête dont les conclusions n'ont toujours pas été portées à la connaissance des Algériens. Trente longues années n'ont pu venir à bout de cette réclamation populaire qui se résume à deux interrogations : qui ? Pourquoi ? Chadli ira-t-il jusqu'à tenir sa promesse dans les mémoires qu'il doit publier prochainement ?