Il y a trente ans disparaissait le militant intellectuel, homme politique et diplomate, Mohamed Seddik Benyahia, alors ministre algérien des Affaires étrangères. Le 3 mai 1982 feu Benyahia, trouvait la mort, dans l'explosion en vol de l'avion qui le transportait ainsi que treize autres cadres alors qu'il se rendait en Iran pour une tentative de médiation dans le conflit frontalier qui opposait Téhéran à Baghdad. Mohamed Seddik Benyahia fut l'un des négociateurs les plus en vue pour l'indépendance du pays lors des négociations d'Evian. Son parcours fut marqué par un engagement sans faille en faveur de la Révolution et fit preuve d'un dynamisme certain à l'Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA). Militant au sein du mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), il rejoint en 1955 l'organisation de la section de l'UGEMA, à Alger et participe avec la délégation algérienne, à la 1ere conférence afro-asiatique, à Bandoeng. Membre du conseil national de la révolution algérienne (CNRA), désigné par le congrès de la Soummam en Août 1956, Mohamed Seddik Benyahia est secrétaire général du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) de 1958 à 1962. Représentant le front de libération national (FLN) au Caire, il est présent à l'Assemblée générale de l'ONU (1957) puis Accra (Ghana) et Monrovia (Liberia), respectivement, en 1958 et 1959, lors des deux premières conférences des Etats africains. Collaborateur du président du GPRA, feu Ferhat Abbas en 1958, il fait partie des négociateurs du FLN a Melun (1960) et Evian (1961) et (1962) en faveur de la signature des accords d'Evian. Il fut ministre de l'information et de la culture de 1966 à 1970, succédant à feu Bachir Boumaaza et se fit remarquer par une parfaite organisation du 1er festival culturel panafricain, à Alger qui vit la participation légendaire de Mama Africa, feue Miriam Makeba entonnant sa mémorable chanson "Afrique" et sa toute aussi légendaire "Ana Houra fi El Djazair". Il avait également été ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (1970/1977) puis ministre des finances (1977/1979). Feu Benyahia a occupé plusieurs postes ministériels dans les gouvernements de l'Algérie libre dont celui, le dernier, de chef de la diplomatie. Il était connu par tous ceux qui l'ont approché comme un politique et un diplomate de talent, redoutable d'efficacité, une efficacité alliée à de la pudeur. Il réussit particulièrement à ce poste à faire perpétuer la place et le rôle de l'Algérie dans le règlement des conflits comme cela fut le cas avec la libération des otages américains retenus à Téhéran en 1979. Il avait, échappé à la mort, une première fois, dans un accident d'avion, le 30 mai 1981 à Bamako (Mali). Mohamed Seddik Benyahia, né le 3 janvier 1932 à Jijel, fréquente le collège durant quatre ans à Sétif avant de retrouver la capitale pour s'inscrire au lycée Emir-Abdelkader et poursuivre ses études de droit en s'engageant comme avocat stagiaire au barreau d'Alger. Mélomane, admirateur de Hadj El-Anka et Mohamed Abdelwahab selon ses proches, Benyahia avait animé les toutes premières revues culturelles spécialisées "Amal" et "Promesses". "C'était un homme de cœur, d'une grande valeur humaine, un homme de de dialogue et de conviction", a dit à l'APS son neveu, le Pr Djamel Eddine Nibouche.