Le thème du séminaire organisé par l'Institut Panos Paris et l'association algérienne Femmes en communication, la fin de la semaine dernière, était prometteur : « Les apports de la radiodiffusion au service des sociétés civiles ». L'ambition était de capitaliser les expériences de la rive nord de la Méditerranée, d'Afrique et du Moyen-Orient pour examiner la situation du Maghreb, retardataire. Le séminaire a été programmé initialement à Alger, début décembre 2005, avant qu'un ukase ne l'interdise in extremis. Sans aucune explication ni indice permettant d'identifier la ou les personnes à son origine. Dans l'esprit de cet ukase, il fallait probablement que les militants nationaux des droits citoyens ne puissent entendre à Alger même la foisonnante expérimentation menée dans les régions citées sur l'indispensable libération des ondes. La rencontre de Marseille a pu permettre l'expression publique de nouveaux questionnements sur les enjeux et les fortes attentes de cette libération de l'espace radiophonique. Dans de nombreux pays de ces régions, de nouvelles régulations en matière de liberté de communication audiovisuelle sont codifiées. Certaines en respectant des opérateurs répartis à la règle des trois tiers : public, associatif et commercial. Ces règles ont déjà permis la création de radios nouvelles. Erigées en dehors des offices gouvernementaux, et diverses dans leurs sensibilités de programmation, ces stations ouvrent des brèches dans le monopole. Leurs réalités suscitent des questionnements importants, à mettre en perspective dans la société civile algérienne. Pour imaginer les voies et moyens de permettre au pays d'avoir d'autres radios à côté du secteur public, pour réduire davantage la forte emprise des télés étrangères sur l'imaginaire national. La déferlante de la marchandisation de la communication a contaminé partout le beau slogan « Pour des radios libres » en une démultiplication d'antennes commerciales. Des signes de cela sont déjà visibles dans la trentaine actuelle de radios privées libanaises, les dix-sept de Jordanie ou la quinzaine du Sénégal. C'est une bonne raison pour tous les militants des droits citoyens en Algérie de se constituer en force de proposition d'idées pour de nouveaux usages de la liberté de l'espace radiophonique.