Sur le thème de l'immigration, le président sortant Nicolas Sarkozy s'est aligné sur les thèses extrémistes du Front national arrivé en troisième position le 22 avril dernier. Qu'en est-il ? Lyon De notre correspondant Lors du grand débat de mercredi soir avec le candidat socialiste, le président sortant est allé jusqu'à amalgamer immigration et islam. Or, dans un rapport au Parlement français, censé faire le point sur les «orientations de la politique de l'immigration», en France, on apprend que parmi les quinze pays dont les ressortissants ont obtenu le plus grand nombre de visas en 2009 (dernière année prise en compte dans ce dossier), la Russie arrive en tête avec 250 000 visas en 2009, suivie de la Chine avec 160 000 visas. Le Maroc puis l'Algérie arrivent ensuite avec 150 000 et 140 000 visas. En pourcentage, les pays du Maghreb représentent 30% de l'afflux en direction de la France, mais en 2006, ils en représentaient 35%. C'est le flux chinois, constitué à 72% de stagiaires et d'étudiants qui augmente, ainsi que l'arrivée d'Africains. Il est vrai cependant que l'immigration légale aujourd'hui en France est constituée massivement de Maghrébins, de Turcs et d'Africains. Pour l'établissement des premiers titres de séjour qui constituent le chiffre des célèbres 200 000 entrées annuelles, dont on a beaucoup entendu parler pendant la campagne électorale, en 2009, les Algériens, surtout en raison du regroupement familial, restent en tête avec 25 406 entrées (17 465 au titre du regroupement familial), devant les Marocains (24 977) et en troisième position, les Chinois (14 618) suivis des Tunisiens (12 190) et des Américains (7582). Viennent ensuite les Turcs, Maliens, Sénégalais, Roumains et Camerounais. Quant à la population totale issue de l'immigration et possédant des titres de séjour réguliers, elle s'est élevée à 2 350 882 ressortissants en 2009, avec une relative stabilité d'une année sur l'autre et une baisse de 20 000 personnes entre 2008 et 2009. Les plus nombreux sont les Algériens avec 584 350 résidents munis d'une carte de séjour, puis les Marocains, 465 923, les Turcs (191 647) et les Tunisiens (174 836). Les Chinois, en hausse constante, sont autour de 70 000 résidents. Vu l'importance de la population enregistrée, les Algériens qui accèdent à la nationalité par mariage sont aussi les plus nombreux, avec 3331 naturalisations par ce biais. De même pour les reconduites à la frontière avec les Roumains, les Maghrébins représentent 54% des mesures d'éloignement. Pour le droit d'asile, par contre, les demandes sont plutôt le fait de ressortissants européens, asiatiques et africains, les Algériens n'étant que 1000 à avoir effectué cette démarche en 2009 (4% du total) et 874 en 2008. Enfin, pour les naturalisations françaises, les Marocains sont en tête avec 21 010 dossiers aboutis en 2009 devant les Algériens (19 679) et les Tunisiens (7571), puis les Turcs (5258) et les Russes (4145). Curieux, d'ailleurs cette cinquième place des Russes ! Par ailleurs, il y a l'immigration irrégulière qu'il est difficile de quantifier. Les Maghrébins et les Africains parviennent à se fondre dans les communautés importantes existantes. Pourtant, en raison du contexte européen de la fluidité des frontières, les ressortissants de l'est de l'Europe arrivent aussi en grand nombre, en dehors des visas accordés plus facilement à Moscou qu'à Alger. C'est l'une des raisons de Nicolas Sarkozy de jouer, dans la dernière phase de sa campagne, la question des frontières et celle de la révision des accords de Schengen.
