Deux mois après son annonce, la réunion sur les visas entre le ministre français de l'Intérieur, d'une part, et les consuls et des préfets d'autre part, se tiendra aujourd'hui à Paris. Brice Hortefeux avait fait état de ce rendez-vous en décembre, quelques semaines après avoir récupéré le portefeuille de l'Immigration laissé un temps à son collègue Eric Besson. La réunion aura lieu aujourd'hui dans l'après-midi, selon les sources de Liberté. “Je réunirai certains d'entre vous avec les consuls de France, en février, pour fixer mes priorités dans l'attribution des visas et demander d'être plus vigilants dans la délivrance des visas de court séjour qui ne doivent pas être des passeports pour la clandestinité”, avait dit le ministre, lors d'une rencontre avec les préfets. Inspirateur du “pacte européen pour l'immigration et l'asile”, Brice Hortefeux est toujours critiqué par les ONG qui lui reprochent sa volonté de fermer la France, ses objectifs chiffrés en matière d'expulsions et surtout sa propension à faire en permanence un lien entre l'insécurité et l'immigration. Il n'a pas dérogé à cette idée lors de la réunion du 14 décembre avec les préfets. “J'en viens à la politique de maîtrise de l'immigration, qui est, à mes yeux, une priorité aussi importante que la sécurité”, disait-il. Il a résumé sa philosophie en deux principes : 1- la France a le droit de choisir qui elle veut et qui elle peut accueillir sur son territoire ; 2- tout étranger en situation irrégulière a vocation à être reconduit dans son pays d'origine. Plus de 100 000 expulsions ont été effectuées depuis l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007. Un chiffre à multiplier par quatre pour le nombre d'interpellations de sans-papiers. Objectif de la réunion d'aujourd'hui : fixer les priorités dans l'attribution des visas et demander aux consuls d'être plus vigilants dans la délivrance des visas de court séjour (touristiques). La France a enregistré environ 2 300 000 demandes de visa de court séjour en 2009. Les Russes ont été la première nationalité pour le document délivré (253 112), suivis des Chinois (170 188), des Marocains (151 509) et des Algériens (130 013). Après le rendez-vous d'aujourd'hui, M. Hortefeux souhaite réunir bientôt les ministres en charge de l'immigration “qui concentrent 80% des flux migratoires vers l'Europe (Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Italie, France) mais aussi ceux de Malte, de la Grèce et de Chypre qui constituent les principaux points d'accès de l'immigration en Europe”. “L'Europe n'est pas une passoire. Elle doit se doter de nouveaux gardes-frontières pour mieux contrôler les frontières extérieures”, préconise-t-il. Avant même la réunion, le consulat de France à Alger a mis en œuvre une nouvelle procédure pour les commerçants, qui a déclenché l'ire de Halim Benattalah. “Indéniablement, le message du ministre de l'Intérieur français pour la réduction des visas de court séjour et le durcissement des conditions de leur octroi méritent de la clarté”, a demandé le secrétaire d'Etat chargé de la Communauté algérienne établie à l'étranger. Pour M. Benatallah, les Algériens et les Maghrébins “ont le droit légitime de se déplacer en Europe”, affirmant que “la question des visas pour court séjour est cruciale”. D'autant plus cruciale que les deux pays ont repris les négociations pour un nouvel avenant à l'accord de 1968. Et, plus généralement, parce que l'Europe redoute les flux migratoires massifs en provenance de Tunisie et d'Egypte. L'Italie en est la démonstration.