Né en 1954 à Rouen (nord-est de la France), d'un père médecin et d'une mère assistante sociale, François Hollande a étudié les sciences politiques avant d'être diplômé de l'Ecole nationale d'administration (ENA) en 1980. Paris. De notre correspondant Il a débuté sa carrière politique, en 1979, en adhérant au Parti socialiste français. Depuis, il n'a pas cessé de grimper les échelons politiques jusqu'à devenir, en 1997, premier secrétaire de ce même parti, et ce, jusqu'en 2008. Il avait, à l'époque, remplacé Lionel Jospin, arrivé en troisième position à l'élection présidentielle de 2002 derrière Jean-Marie Le Pen. En 1970, il avait fait un stage à l'ambassade de France à Alger, une ville qu'il a aimée et visitée régulièrement. François Hollande a été également élu député de la Corrèze (centre de France) à plusieurs reprises, en plus du poste du maire de la ville de Tulle qu'il a occupé jusqu'à hier, dimanche soir. Dans les années 1980, il a travaillé aux côtés du défunt président Mitterrand comme conseiller économique, puis dans le cabinet de Roland Dumas, ancien ministre français des Affaires étrangères. Arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle avec 28,63% des voix, ses adversaires critiquent sa méconnaissance des affaires de l'Etat due au fait qu'il n'a jamais occupé de poste ministériel. Mais ses partisans louent son calme à toute épreuve, sa «normalité» et sa volonté de fer de gagner l'élection présidentielle et de diriger la France. Gouverner avec équité et justice Mais le chemin pour y arriver n'était pas de tout repos. D'abord, François Hollande a fait face à la candidature, même non déclarée, de Dominique Strauss-Kahn que tous les sondages donnaient gagnant face à Nicolas Sarkozy. Mais le scandale sexuel dans lequel s'est empêtré l'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) l'a vite disqualifié. Ensuite en affrontant une primaire difficile face à des ténors socialistes chevronnés tels que Martine Aubry, Ségolène Royal ou Arnaud Montebourg. Toutefois, son idée de rassemblement et son obsession de gouverner avec justice et équité ont fini par convaincre les électeurs socialistes qui l'ont désigné, avec une grande majorité, candidat du parti qui devait affronter celui de la droite, face à Martine Aubry, maire de Lille. Enfin, M. Hollande a eu à affronter aussi les critiques de son propre camp, notamment de la même Martine Aubry, première secrétaire du PS, qui l'a qualifié de «mou», mais aussi de la part de Laurent Fabius qui le traitait de «flamby» (une sorte de crème moelleuse et onctueuse, ndlr). Il était, selon eux, incapable de trancher, d'imposer ses points de vue et ses idées. A la différence de Nicolas Sarkozy, François Hollande est un homme qui n'aime pas trop étaler en public sa vie privée. Père de quatre enfants avec Ségolène Royal, candidate malheureuse à l'élection présidentielle de 2007, leur union a volé en éclats au lendemain de la défaite politique de Mme Royal. Depuis, il vit en ménage avec Valérie Trieweller, journaliste à Paris Match. Même devenu Président, F. Hollande ne semble pas très chaud pour passer devant le maire et officialiser sa relation juste pour des raisons diplomatiques et protocolaires, notamment dans les pays arabes qui ne reconnaissent pas les liaisons libres. Pas de régularisation massive des sans-papiers Sur le plan politique, François Hollande ne traîne pas de casseroles risquant de discréditer son action politique. Jugé «propre», il défend l'idée du rassemblement de tous les Français, divisés et esquintés par les cinq années de «sarkozysme», selon lui. Attaché au principe de la justice sociale et de l'égalité, son ami Julien Dray, ex-député socialiste, le qualifie de «rassembleur» qui a toujours mis l'intérêt du pays au-dessus de toute autre considération. Un brin moqueur et doté d'un humour vif, il en a souvent usé dans son action politique. C'est lui qui a évité le clash politique au PS lors du congrès du Mans, en 2005. Son action a toujours été d'unir les différentes sensibilités du parti, ce qui lui a permis au passage de rafler la majorité des mairies et des conseils généraux de France. Récemment, le Sénat est passé à gauche. Il reste à présent le Parlement pour que toutes les institutions du pays soient de gauche. Partisans des relations apaisées avec l'Algérie, F. Hollande ne veut pas renégocier les accords de 1968 entre Alger et Paris. Du moins pour le moment. S'il veut aussi donner le droit de vote aux étrangers dans les élections municipales, il refuse en revanche de régulariser tous les clandestins ou de pratiquer une politique laxiste en termes d'immigration. Mais c'est sur sa capacité à redonner espoir, à lutter contre le chômage et la tentation ultralibérale de l'Europe que l'enfant de Rouen est surtout attendu.