La victoire offerte au FLN aux législatives semble mettre sur orbite son secrétaire général pour la prochaine présidentielle. Le désormais ex-troisième homme de l'Etat, Abdelaziz Ziari, met en garde contre les tentatives de déviation du FLN de sa ligne nationaliste au profit du courant islamiste. Les législatives du 10 mai ouvrent d'ores et déjà la voie à la course à l'élection présidentielle de 2014. Nombre d'observateurs et d'acteurs de la scène politique nationale n'ont pas manqué de mentionner que l'enjeu du scrutin législatif était sans doute la bataille pour la conquête de la Présidence.
Une sorte de répétition générale. Il va sans dire, en tout cas, que le remue-ménage qui a gagné le FLN depuis des mois est à inscrire dans le registre de la montée au créneau des différents clans ou courants qui traversent l'ex-parti unique, aujourd'hui plus que jamais désigné pour jouer les premiers rôles dans la succession à Bouteflika. A ce titre, il apparaît, selon toute vraisemblance, que le FLN s'est installé dans une espèce d'engrenage dont il convient de considérer la question du changement sous la latitude d'orientation idéologique. Sinon, comment expliquer toute cette agressivité contre l'éventuelle candidature de Abdelaziz Belkhadem pour briguer un mandat présidentiel ? Est-il possible que cette guéguerre qui sous-tend des luttes intestines dans l'appareil du FLN soit circonscrite à la seule personne de Belkhadem ? Pas si sûr, lorsqu'on se représente les enjeux que soulèvent les questions de la succession. L'actuel secrétaire général du FLN, sorti renforcé de la bataille des législatives, a souvent fait part de ses prétentions présidentielles depuis le 9e congrès du parti. Une ambition qui ne semble pas faire consensus au sein de sa formation politique. Au lendemain du dernier congrès, des voix, et pas des moindres, se sont d'ailleurs élevées contre Belkhadem. La contestation sous la bannière du mouvement de redressement, menée essentiellement par les vétérans du parti, avait, entre autres objectifs, de fragiliser le secrétaire général. Rendre caduque sa candidature à la magistrature suprême. A la veille des élections législatives, Abdelaziz Belkhadem avait réussi un coup de force en imposant des listes de candidats à sa convenance. Il a éjecté tous ses détracteurs. Ne perdant pas de vue son objectif final, la présidentielle, l'actuel secrétaire général du FLN est allé tisser des alliances avec d'autres courants. Les islamistes. Des poids lourds, au sein du parti, dénoncent une dérive. Un glissement idéologique. Il est accusé publiquement de vouloir tirer le parti dans le giron islamiste et de lui imprimer une autre ligne politique qui n'est traditionnellement pas la sienne. Le président de l'APN sortante, Abdelaziz Ziari, dit clairement qu'il existe «des tentations d'aller vers ce courant dit islamiste parce qu'on a considéré que c'était à la mode et porteur. Nous devons être attentifs à ce que ce qui a été rejeté massivement par les Algériens ne se retrouve pas sous une autre forme au sein du FLN». Il met en garde contre toute tentative de le subtiliser à des fins d'ambitions personnelles. De nombreux ténors du parti jurent de barrer la route, par tous les moyens, aux ambitions de Belkhadem. «Il n'a ni la stature ni les compétences d'un chef d'Etat», lui reprochent-ils. D'autres estiment qu'«il n'incarne pas les valeurs fondatrices du FLN qui sont le nationalisme et le progrès». Seulement, voilà que ce dernier sort renforcé, du moins pour le moment, de la bataille des législatives. Le score important qu'a réalisé le FLN à l'occasion des législatives du 10 mai le place en tête d'affiche. Lors de sa conférence de presse au lendemain de l'annonce des résultats, il répétait que la victoire écrasante du FLN «est celle de Dieu et du peuple algérien». Ses détracteurs lui répondent : «Non, c'est celle de Bouteflika.» La mise de 220 sièges à l'APN serait-elle, de ce point de vue, une étape dans la conquête du pouvoir à l'horizon 2014 ? Le chef de l'Etat, qui s'est personnellement et pleinement impliqué dans la bataille des législatives – un fait inédit au demeurant – cherchait-il à dégager la voie à Belkhadem ? Le secrétaire général du FLN serait-il ainsi une carte – la seule – de l'actuel locataire d'El Mouradia ? Les autres cartes sont-elles grillées à jamais dans le feu des révoltes arabes ? Néanmoins, force est de rappeler que le système politique, jouissant de plusieurs atouts, a toujours su garder la main dans le jeu de la redistribution du pouvoir.