Les Palestiniens ont commémoré, hier, le 64e anniversaire de la Nakba (la catastrophe) que représente pour eux la création de l'Etat d'Israël et l'exode forcé de plus de 760 000 de leurs concitoyens, devenus des réfugiés dans les pays voisins (Jordanie, Syrie et Liban) ainsi que dans leur propre pays, en Cisjordanie occupée et dans la bande de Ghaza, à l'époque sous tutelle jordanienne et égyptienne. Ghaza (Territoires palestiniens) De notre correspondant Aujourd'hui, le nombre de réfugiés palestiniens à travers le monde est estimé à plus de 6 millions ; ils rêvent toujours de revenir dans leur pays natal, sur les terres et aux foyers d'où ils ont été déracinés en 1948 avec la création de l'Etat hébreu qui s'est faite à leurs dépens. Les villes, villages et camps de réfugiés en Cisjordanie occupée, à Ghaza, dans les territoires de 1948 où fut proclamé l'Etat d'Israël et la diaspora palestinienne à travers le monde ont organisé des manifestations populaires massives, affirmant le droit au retour des Palestiniens chassés par la force des armes de leurs terres, leurs villes et leurs villages. Des rassemblements, des manifestations, des festivités culturelles, des expositions, des conférences ainsi que des ateliers du patrimoine national palestinien ont été organisés durant la journée d'hier dans les différents territoires palestiniens. Un grand rassemblement a eu lieu à Ramallah (Cisjordanie occupée) et des manifestations populaires ont été organisées dans la ville sainte d'El Qods occupée ainsi que dans la bande de Ghaza, sous blocus israélien depuis juin 2006. Une grève générale a aussi été décrétée à l'occasion dans tous les territoires palestiniens occupés en 1948, devenus depuis Israël, où plusieurs établissements scolaires et commerces ont été fermés depuis la matinée. L'armée d'occupation israélienne a quant a elle déclaré, la veille des festivités, l'état d'alerte. Des sources médiatiques israéliennes ont indiqué que des forces militaires seraient renforcées dans différentes régions de Cisjordanie occupée et que la police israélienne a mobilisé plusieurs unités dans les territoires israéliens, où la majorité est d'origine palestinienne. En fin d'après-midi d'hier, 20 Palestiniens au moins avaient été blessés en Cisjordanie occupée lors d'affrontements avec des forces israéliennes positionnées aux entrées des villes palestiniennes. A la même date l'année passée, plus de 20 Palestiniens avaient été tués et plus de 300 blessés. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a réaffirmé de son côté «l'attachement du peuple palestinien à tous ses droits nationaux». «64 ans après, nous tenons à envoyer au monde entier un nouveau message pour lui dire que malgré tous les crimes et violations commis par Israël, nous vivrons et resterons toujours sur nos propres terres», a affirmé le président de l'Autorité palestinienne dans un discours prononcé à l'occasion de la commémoration de l'anniversaire de la Nakba. «Nous devons tirer des enseignements de cette catastrophe ayant frappé notre peuple et la première des leçons à retenir est le devoir de s'unir, de travailler sans cesse et de défendre notre cause et nos droits», a-t-il dit. Le président palestinien a rappelé que la question du statut de la ville sainte d'El Qods restera la clé de la paix, mettant en garde contre «toute manœuvre israélienne pouvant menacer la ville sainte qui embraserait toute la région et la mettrait en guerre». «Il n'y aura jamais un accord de paix avec Israël sans l'arrêt de la colonisation notamment à El Qods occupée», a-t-il affirmé. Il a ajouté que la Nakba de 1948 «n'a pas d'égale dans l'histoire moderne des peuples et des nations», dénonçant les répressions, les crimes et les atrocités commis par l'occupant israélien. La commémoration de la Nakba survient cette année dans des circonstances exceptionnelles que traverse la cause palestinienne, notamment avec la grève de la faim des prisonniers détenus dans les geôles israéliennes, qui s'est soldée par une grande victoire. Plus de 1600 prisonniers palestiniens en grève ouverte de la faim depuis 28 jours ont fait plier les autorités israéliennes qui ont accepté, lundi, d'abolir la détention préventive, une mesure oppressive qui leur permettait d'emprisonner n'importe quel Palestinien sans inculpation ni jugement pour des périodes de 6 mois indéfiniment renouvelables. Plusieurs autres revendications des détenus palestiniens ont été exaucées, dont les visites familiales qui vont reprendre surtout pour les prisonniers originaire de Ghaza, ainsi que l'arrêt de l'isolement individuel. Cette victoire de la volonté contre la machine oppressive israélienne fait renaître, en cette occasion, chez le peuple palestinien l'espoir de voir un jour la restitution de leurs droits nationaux légitimes, dont celui de vivre dans un Etat indépendant et souverain.