Les festivités entrant dans le cadre de la célébration du 30e anniversaire de la proclamation de la RASD ont été marquées samedi par la tenue d'une conférence internationale sur la décolonisation du Sahara-Occidental, avec la participation d'au moins 500 invités de différentes nationalités. Des parlementaires, responsables de partis politiques, personnalités du monde de la culture, élus, membres d'ONG et de médias ont pris part à cette conférence où il a été exprimé à l'unanimité la justesse de la cause sahraouie. Les différents intervenants ont en effet exigé, tour à tour, l'application du droit international et des résolutions de l'Onu dans la décolonisation du Sahara-Occidental ainsi que le respect des droits humains, largement bafoués par les autorités coloniales marocaines dans les territoires occupés. Le Premier ministre sahraoui, Taleb Omar, a indiqué, lors de son intervention, que cette manifestation, organisée autour de quatre thèmes, vise à exprimer « un démenti formel à la propagande marocaine » à travers sa pseudo solution d'« autonomie » pour la résolution du conflit. C'est le même ton exprimé aussi par le représentant du Front Polisario au Parlement européen, Mohamed Sidati, qui a parlé de « glissade » dans le traitement du conflit sahraoui. Intervenant sur le thème de « la responsabilité de l'ONU et de la communauté internationale dans le conflit », M. Sidati s'est interrogé sur les raisons du « manque d'efficacité » pour l'application du plan de règlement des Nations unies. « Le Maroc a envahi les territoires sahraouis et violé les droits du peuple sahraoui et jouit d'une impunité totale », a-t-il déploré. A ses yeux, le Maroc continu d'« assassiner la voie sahraouie et bénéficie des largesses de l'UE ». Le représentant sahraoui au Parlement européen s'est, de ce fait, interrogé sur la manière avec laquelle il faudrait développer une action afin d'amener l'Union européenne à jouer son rôle dans le conflit. Cela, en tenant à rappeler au royaume chérifien qu'« en dehors du cadre que fixe l'ONU, point de paix ni pour le Maroc ni pour la région ». L'Intergroupe européen pour le soutien au peuple sahraoui a appelé à la nécessité de travailler au sein de la communauté européenne afin d'accélérer le processus de paix pour le peuple sahraoui. Pour cette organisation, il faut engager « un lobbying politique » pour exercer un forcing sur l'EU afin de l'emmener à soutenir la cause sahraouie. Le Portugais Pedro Bittolay de l'intergroupe de l'UE, et l'un de ceux ayant participé à l'indépendance du Timor Oriental, a estimé, pour sa part, que c'est à cause de l'absence de pression sur le Maroc que le conflit perdure. L'UE, selon lui, « ne traîne pas une position solide » par rapport à ce conflit. M. Carmelo, du même intergroupe et l'un des plus anciens militants de la cause sahraoui, demande au Maroc de respecter ses engagements. En parlant de la torture, de la répression et des emprisonnements dans les territoires occupés du Sahara-Occidental, M. Carmelo a qualifié cela de « crime contre la dignité humaine ». Smaïl Debèche, ex-recteur de l'université de Sétif et membre de l'exécutif du FLN, a estimé, de son côté, que « le Maroc joue au jeu dangereux » en bafouant les droits du peuple sahraoui. Cela, en n'omettant pas de dénoncer « les manœuvres dilatoires » du Maroc à travers ses pseudo solutions au conflit. Pierre Galant, président de la coordination des associations européennes pour le soutien au peuple sahraoui, a dénoncé « la lâcheté » de l'ONU dans son traitement de la question sahraouie. Dans un appel, les femmes d'El Ayoun ont interpellé les « forces éprises de justice et de paix » afin de faire pression sur le Maroc. La RASD, ont-elles rappelé à la communauté internationale, « est une réalité irréversible ». Elles ont, par ailleur attiré l'attention de la communauté internationale sur l'embargo militaire et l'absence de la parole libre dans les territoires occupés. « Où est l'ONU après le cessez-le-feu de 1991. Pourquoi ce silence », se sont-elles interrogées. Les femmes d'El Ayoun n'ont pas aussi manqué d'évoquer le silence « criminel » de l'Espagne. « Ce passé criminel est creusé de feu dans le cœur de chaque sahraoui », ont estimé dans cet appel. Celles-ci ont également revendiqué la tenue d'un référendum libre et demandent l'accélération du plan de paix de James Baker. Au-delà de l'exigence de l'application du plan de règlement de l'ONU et de la cessation des exactions marocaines dans les territoires occupées du Sahara-Occidental, les présents à cette conférence internationale ont également demandé une aide d'urgence aux réfugiés sahraouis frappés de plein fouet par des inondations il y a une quinzaine de jours.