Considéré comme l'un des plus grands spécialistes de la fetla bônoise, Aziz Zerari livre, jusqu'à la fin juin prochain, dans sa boutique, au centre commercial des Deux bassins, à Ben Aknoun, une imposante collection de tableaux intitulée «La fetla picturale». C'est à l'intérieur même de sa boutique de haute couture que le styliste a choisi de faire cohabiter durant un mois son riche dressing de robes et de karakous traditionnels avec des tableaux où «la fetla» occupe une place de choix. En effet, les cimaises sont ornées d'une quarantaine d'œuvres aux dimensions moyennes et grandes. Des œuvres agencées avec goût, rivalisant de finesse et d'éclat. Réalisée au courant de cette année même, le styliste s'est servi de la «fetla» comme support pour lui imbriquer des fournitures étrangères telles que les pierres de schwarosky, les écailles de poissons ou encore le nakchi. Comme a tenu à le préciser Aziz Zerari, «j'ai transposé la fetla les motifs du vêtement au tableau. La fetla annabie, je l'ai fait convoler en justes noces avec la calligraphie. C'est un travail de longue haleine», explique-t-il. A travers un circuit de forme rectangulaire, le regard de tout visiteur est en admiration devant cette sélection de tableaux aux encadrements sobres et aux motifs bien ciselés. L'ensemble de cette collection se décline sous la forme de pièces de velours de couleur noire sur lesquelles sont brodés des motifs au fil d'or. Les thèmes sont variés et riches en symbolique. Comme l'indique son titre, dans le tableau Haska en fetla et en medjboud, deux techniques différentes de broderie qui sont à l'honneur. Col et pointes est une pièce montrant un col à plat avec ses deux versants. La fetla mzadam, dite broderie juive bônoise, est également présente avec deux riches empiècements. Cette broderie se caractérise par des points serrés et ajustés. Iqra (lis) est une belle calligraphie arabe grandeur nature, brodée de fetla où le premier verset coranique est mis en exergue. Certaines lettres de l'alphabet arabe et certains mots tels que Dieu, Paix… sont soigneusement brodés sur le velours, donnant ainsi une touche et une splendeur arabo-islamique à la fetla. Aziz Zerari est un homme créatif. C'est parce que la fetla est sa source d'inspiration qu'il propose de grands miroirs en niche mauresque, des tables de salon ainsi qu'un bureau. Pour le styliste, les tableaux et les objets exposés sont la résultante d'un retour à l'algérianisé. Pour cet artiste aux doigts de fée, la fetla peut-être une calligraphie. Celle-ci a été longtemps figée. «Je trouve que c'est un art décoratif algérien», dit-il. Il est à noter que l'ensemble de cette exposition se targue de comporter des pièces uniques et exclusives. Le seul tableau reproductif et porte-bonheur est celui de la khamsa. Il est à noter qu'après avoir exposé dernièrement à Oran et à Tlemcen, le styliste, Aziz Zerari, compte présenter une nouvelle collection de tableaux, exécutée à la fetla lors de l'inauguration du Palais de la culture d'El Tarf en juin prochain. Suivront d'autres haltes au village de Seraïdi, à Annaba, et à Tlemcen.