L'Institut français d'Oran abrite, en ce mois de mai, une exposition du styliste, et non moins célèbre Aziz Zerari. La fetla, cet art de la broderie dans laquelle ce couturier bônois y excelle, est mise en relief dans cette exposition, pour la plus grande joie des amateurs. Ces derniers sont venus en grand nombre, lundi dernier, fascinés de voir cet art «transbahuté» des tenues sur des tableaux. Aziz Zerari expliquera longuement à l'assistance les origines de la fetla, origines du reste que personne ne peut véritablement déterminer, mais avec une certitude au moins: elles ne peuvent être qu'algériennes ! Si la fetla fleurit un peu partout au nord de l'Algérie, c'est Annaba qui en est son berceau. Elle est considérée comme le fleuron de la culture algérienne, mais longtemps tombée en désuétude. «J'ai donné une âme à la fetla, dira-t-il, je ne l'ai pas laissée figée sur un vêtement». Pour lui, cet art est une source d'inspiration intarissable, «c'est dans le cheminement de la création que je découvre des choses, dont je ne soupçonnais même pas l'existence au départ!». Styliste, fleuron de l'artisanat bônois et algérien, Aziz Zerari a une passion dévorante pour la broderie et l'art de la fetla. Cette passion l'a même incité à faire voyager cet art aux Emirats et au Canada, par le biais d'expositions respectives tenues dans ces deux pays. L'initiative de reproduire la fetla sur un tableau a eu pour effet de la faire connaître aux étrangers, mais aussi aux Algériens, pour qui cet art, pourtant le leur, est assez méconnu. Il ira même plus loin en transportant de nouveau la fetla du tableau, cette fois-ci…sur des meubles ! Déterminé à ne pas laisser cette culture typiquement algérienne croupir dans l'oubli, Aziz Zerari ambitionne de créer, dans un avenir proche, une école bénévole de broderie à Annaba, destinée notamment aux jeunes filles de l'assistance publique et cela afin que la broderie, et notamment la fetla, puisse être perpétuée par les futures générations. Aziz Zerari projette aussi d'organiser, au moins une fois par an, un grand défilé de mode à Oran, car, selon lui, El Bahia est quelque peu à la traîne pour ce qui est de cette sorte d'événement : «la 2e ville du pays souffre d'un manque flagrant de manifestations de haute couture», dira-t-il.