Le saviez-vous ? El Hadj Mohamed El Ferguani appartient à une famille qui, plusieurs générations durant, ont affectionné dans un atelier privé à Constantine, l'art de la Fetla. De père en fils tout à fait comme la chanson, cette famille de bourgeois, sont jusqu'à aujourd'hui, dans la texture. Pour comprendre un peu ce que c'est que cet art lié au tissage et à la broderie, Abdelaziz Zerari, styliste en haute couture, spécialisé en Fetla en a parlé lors d'une rencontre-débat qui s'est déroulée à Alger. Abdelaziz Zerari a deux décades d'expérience en la matière. Il a consacré presque toute sa vie à l'étude de cet "art unique", et dit rejeter la thèse de la provenance de la Fetla d'ailleurs (Turquie, Andalousie). Selon lui, cet art est né en Algérie, à Annaba plus précisément. La plus vieille pièce que détient le styliste, date de 1896. C'est une Gandoura appartenant à l'une de ses ancêtres, exposée parmi quelque 90 autres pièces, neuves et anciennes, jusqu'au 12 mai au Palais de la culture à Alger. Le conférencier estime, néanmoins que cette broderie, a existé bien avant cette date, la situant aux alentours du 16e siècle. Ce sont des familles juives d'Algérie qui détenaient les secrets de cet art, selon M. Zerari. "La véritable Fetla a disparue avec le départ massif des juifs d'Algérie en 1956", affirme-t-il. Selon lui, ce qui se pratique actuellement se rapproche à peine des techniques originelles de cette broderie puisque le principe de base des dessins originels n'est pas respecté. "Le principe de base est de trouer le velours une seule fois, de broder à l'infini avec un même fil avant de revenir au point de départ", a-t-il expliqué. Abdelaziz Zerari se présente comme étant le seul à avoir percé les secrets de la Fetla originelle, se réclamant à l'occasion comme le "ressusciteur" de cet art. Cet artiste détient un doctorat en littérature Hispano-arabe de l'université libre de Bruxelles et de l'université autonome de Madrid. Sa passion pour la broderie, née à Annaba, sa ville natale, l'a conduit par la suite à l'Ecole des arts et métiers de Bruxelles d'où il en sortira diplômé en stylisme et haute couture dames. Questionné sur la transmission de cette technique, M. Zerari a indiqué qu'un projet d'ouverture d'un centre de formation de Fetla, avec une capacité d'accueil de 100 à 120 places, est en cours d'élaboration, en collaboration avec la wilaya de Tarf. Le résultat de ses recherches sur l'art de la Fetla, ses origines et sa pratique, sera, en outre, prochainement édité dans un ouvrage, a annoncé le conférencier. Voici un art qui doit sans doute exiger la patience d'un mannequin.