Comme à l'accoutumée, l'organisation d'une manifestation culturelle à Tipasa ne vise pas le grand public. Faire plaisir à la tutelle uniquement, pour se justifier. Il aura suffi de le constater une fois de plus, à l'occasion de l'exposition de la mosaïque contemporaine qui avait eu lieu au complexe culturel du Chenoua. «Quelle est la durée de votre exposition ?», demande-t-on à l'artiste, Mustapha Chibani, venu de Sidi Ghilès pour faire connaître ses merveilleuses œuvres. «Je l'ignore nous répond l'artiste, on m'avait demandé de venir avec mes tableaux et puis c'est tout», ajoute-t-il. L'artiste, avec son petit enfant, est presque tout seul dans le hall. Les organisateurs sont déjà partis. Il est 16h30, Mustapha Chibani attend un ami pour le transporter à son domicile à Sidi Ghilès. Les bureaux du complexe culturel se sont vidés. Les gardiens s'apprêtent à fermer les portes de ce magnifique complexe culturel. Une atmosphère de désolation. Quand la culture se bureaucratise, il ne faut pas s'attendre au miracle, d'autant plus que ceux qui sont censés animer les activités culturelles se sont volatilisés. La célébration du Mois du patrimoine se déroule à huis clos dans la wilaya de Tipasa, ces dernières années, pourtant ce ne sont pas les moyens qui manquent. Le directeur de la culture a du pain sur la planche. Bref, pour revenir à notre artiste, Chibani Mustapha, il nous a invités à quelques minutes de bonheur, à travers une courte visite et des explications sur chacune de ses œuvres. «C'est le résultat des efforts d'une petite entreprise avec un grand sérieux», nous indique-t-il. Un hommage est rendu à un intellectuel algérien d'origine française, en l'occurrence Paul Faizant, qui réside à Sidi Ghilès. Celui-ci avait introduit dans la wilaya de Tipasa cet art qui a permis à des jeunes de créer leurs petites entreprises. Chibani Mustapha est guidé par sa passion et ses inspirations pour concevoir ses œuvres, à l'aide de ciment blanc, de la poudre de marbre, des armatures en acier, des tessères de verre, de granit, de marbre, de briques rouges, de bois, des galets, autant d'objets rejetés par la mer et récupérés à partir des criques et des plages. «Je pars jusqu'aux plages de Beni Haoua (Chlef) pour cueillir ces petites choses, nous dit-il, afin de produire mes œuvres avec toutes ces couleurs naturelles que vous voyez », enchaîne-t-il. Une quarantaine de tableaux sont exposés. Ils servent pour la décoration interne et externe des villas et bâtiments administratifs. Il existe de la mosaïque de pavement. Chibani Mustapha nous révèle ses projets. Il suffit d'une aide morale des pouvoirs publics pour réaliser une école et vulgariser cet art, sans polluer l'environnement.