On a cru d'abord que ce serait le film choc du festival de Cannes cette année. Le film des frissons. Cannes De notre envoyé spécial Un grand événement. En regardant Sur la Route, de Walter Salles, tiré du roman de Jack Kérouac (On the road), on se dit qu'il manque quelque chose. Il manque l'émotion, le sentiment, l'étrange qui donnent toujours à une œuvre de fiction une certaine saveur. Aucun choc esthétique, ou si peu. Quelques images de l'Amérique profonde, mais l'ensemble nous laisse en dehors, pas dans le coup. On the Road est un grand roman. Le film tant attendu n'est pas un grand film. Dans le roman, on ressentait vivement les vibrations de l'Amérique et on appréhendait, à travers le regard de l'auteur, la beauté d'un immense continent, des paysages et des villes rencontrés sur son chemin vers l'Ouest. Kérouac a mis tout son cœur et ses sentiments dans son récit. Walter Salles a fait des portraits-robots de la «beat generation». La question se pose : y a-t-il un cinéaste au monde, aujourd'hui, capable de faire passer le grand souffle de On the Road ? De faire une œuvre qui ne s'oublie pas dès le générique final, une histoire à l'opposé des dramatiques qu'on voit à la télévision ? Le livre de Jack Kérouac est l'histoire d'une amitié à l'américaine, pleine d'absolu, d'humour, de défi et de désespoir. C'est une singulière histoire, devenue à l'écran un film indéfinissable. Le voyage de Kérouac, à l'époque de la «beat generation», c'était un voyage dans l'imaginaire, dans l'expérience sans limite de toutes les drogues et de toutes les sensualités. La poésie «beat» inventive, au rythme syncopé, comme dans Howl d'Allen Ginsberg, qui était imprégnée par la musique jazz. Les courtes séquences qu'on voit dans un club de jazz de San Francisco sont là pour sauver un peu le film. C'est dans le film belge A Perdre la Raison de Joachim Lafosse (UCR) qu'apparaît le brillant jeune acteur oranais, Tahar Rahim, dans un des rôles principaux. Mounir est le fils adoptif marocain d'un riche médecin belge. Un homme généreux, attentif, protecteur. Quand Mounir se marie et devient, au fil du temps, père de quatre enfants, la mère débordée souffre énormément dans cet univers cloisonné, hyper-protégé. Le récit progresse alors dans des moments de grandes angoisses. La mère perd la raison et tue ses enfants. C'est tiré d'un fait divers récent, qui a bouleversé les Belges. C'est une œuvre forte, concise, extrêmement émouvante. La question est de savoir qui est le coupable dans ce drame terrible…