L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International vient de rendre public son rapport pour l'année 2012 et autant dire que la situation au plan international ne connaît pas que des hauts. Ou encore que cette organisation préfère ne pas appeler les choses par leur nom, ce qui aurait simplifié bien des approches. Ainsi en est-il du Sahara occidental, un territoire occupé par le Maroc depuis 1975 avec le rapport occupant-occupé imposé de force et où la situation n'a jamais été aussi grave. Et encore, devrait-on souligner, le mur du silence n'a commencé à se fissurer que depuis peu grâce aux militants sahraouis dont l'action a été relayée par un nombre de plus en plus grand d'organisations de défense des droits de l'homme. Il reste que le rapport d'Amnesty, publié jeudi, détruit bien des certitudes en ce qui concerne le Maroc, au moins au plan du discours. Dans sa partie relative au Sahara occidental, le rapport est d'une extrême précision en déclarant que 23 militants sahraouis sont dans l'attente d'un procès «inéquitable devant un tribunal militaire». De ce point de vue, le rapport n'est pas sévère, il est juste en ce sens qu'il met en opposition des militants sahraouis en lutte pour l'indépendance – et pas seulement pour l'autodétermination – et une autorité instruite pour réprimer un tel mouvement. En fait, appliquer la loi de l'occupant qui consiste à étouffer toute opinion contraire, ce qu'il n'a pas réussi à faire en près de 40 années d'occupation et malgré cette volonté de substituer une population à une autre. C'est pourquoi le procès sera inéquitable. Plus que cela, les militants sahraouis sont jugés par un tribunal militaire, une pratique contestée pas de nombreuses organisations internationales. Personne n'échappe à cette règle, même les Marocains qui seraient tentés de rétablir la vérité, la seule que l'on connaisse car rapportée par tous les instituts de cartographie, en parlant de Sahara occidental et non pas de provinces sahariennes que personne ne reconnaît au demeurant. Tout en dénonçant la poursuite des violations des droits de l'homme perpétrées au Sahara occidental, Amnesty relève les «graves» atteintes aux droits des militants sahraouis en matière de libertés d'expression, d'association et de réunion, ainsi que «les poursuites auxquelles ils font face». En fait, dira-t-on, cela est propre à toute situation d'occupation où est niée l'existence même de la population occupée. Rappelons-nous le message porté par la militante sahraouie Aminatou Haïdar que l'occupant avait décidé d'exiler parce qu'elle refusait de se considérer comme étant Marocaine. Elle a refusé de se taire, le monde lui a donné raison et obligé le Maroc à annuler sa décision de déportation. Sauf que ce pays persiste dans sa politique de répression des militants sahraouis. Et là, telle qu'identifiée et dénoncée, il s'agit bien d'une politique ciblant une population bien précise dont l'identité a été établie et qui refuse la soumission.