Devant la détérioration de l'état de santé de la militante sahraouie des droits de l'homme, en grève de la faim aux îles Canaries, le gouvernement espagnol a saisi par écrit le Maroc pour délivrer à la concernée un titre de voyage, alors que le sénateur américain Patrick Leahy a demandé au Congrès US de faire pression sur Rabat afin qu'elle cesse les violations des droits de l'homme. Entre le Maroc et l'Espagne, les relations ne sont pas au beau fixe. Elles se dégradent au fil de l'évolution négative de l'état de santé de la militante sahraouie des droits de l'homme, Aminatou Haïdar, en grève de la faim depuis le 16 novembre dernier à l'aéroport de Lanzarote, sur une des îles de l'archipel espagnol des Canaries, suite à son expulsion d'El-Ayoune deux jours auparavant par les autorités d'occupation marocaine. En effet, redoutant le pire, le gouvernement espagnol a formellement demandé au Maroc de délivrer un passeport à Aminatou Haïdar, et a entamé des démarches auprès de l'ONU pour résoudre ce problème. Le ministère des Affaires étrangères à Madrid a révélé qu'une “note verbale demandant au Maroc de donner un document d'identité à Aminatou Haïdar pour qu'elle puisse voyager” a été remise mardi au chargé d'affaires de l'ambassade du Maroc en Espagne. La même source a indiqué que des “démarches ont été entamées auprès de l'ONU” pour résoudre la situation de la militante, expulsée le 14 novembre du Sahara occidental par les autorités marocaines qu'elle accuse de lui avoir retiré son passeport marocain, a ajouté ce porte-parole, sans donner plus de détails. Pour rappel, l'Espagne a proposé de lui accorder le statut de réfugiée politique ou, “à titre exceptionnel”, la nationalité espagnole pour qu'elle puisse à nouveau voyager, propositions qu'elle a refusées. Cela a été confirmé jeudi soir par le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, qui a déclaré : “Nous avons fait beaucoup de propositions pour trouver une solution raisonnable et satisfaisante et nous continuerons de le faire.” Ce qui inquiète le plus Madrid, c'est la détermination de Mme Haïdar, laquelle s'était déclarée “prête à aller jusqu'au bout” de sa grève de la faim. Dans un communiqué remis à la presse, elle affirme : “Je n'ai pas créé cette situation de crise, ce sont les gouvernements espagnol et marocain qui sont responsables”, tout en soulignant que son objectif est de retourner au Sahara occidental “avec ou sans passeport”. Aminatou Haïdar provoquera Rabat en ajoutant : “Si le Maroc a quelque chose contre moi, qu'il me traduise devant les tribunaux.” Pour rappel, les autorités marocaines ont justifié leurs agissements vis-à-vis de Mme Haïdar, en prétendant qu'elle a refusé d'“accomplir les formalités habituelles de police et renié sa nationalité marocaine” à son arrivée le 13 novembre à El-Ayoune, la capitale du Sahara occidental. Le ministre marocain des Affaires étrangères Taïeb Fassi Fihri a estimé mercredi qu'elle devait “assumer, seule, les conséquences juridiques et morales qui résultent de ce comportement”. Para ailleurs, le sénateur américain, Patrick Leahy, a demandé au Congrès américain de faire pression sur le Maroc pour permettre le retour d'Aminatou Haïdar au Sahara occidental, appelant à la cessation des violations des droits de l'homme contre les Sahraouis. Le sénateur a estimé, dans une déclaration devant le Congrès, que le Maroc ne pouvait continuer à commettre ces violations sans avoir à en répondre exhortant son pays à “revoir sa position concernant l'élargissement des prérogatives de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) pour y inclure la protection des droits de l'homme. Patrick Leahy estime que “si le Maroc est un allié des Etats-Unis cela ne signifie pas que ces derniers renoncent à leur devoir de défendre les droits de l'homme au Sahara occidental”. Le sénateur, qui avait remis en 2008 à Mme Aminatou Haïdar le prix Robert F. Kennedy, a noté que “rien de positif ne sera réalisé tant que les autorités marocaines dénient les droits fondamentaux de Mme Haïdar et la liberté de circulation et de déplacement des autres sahraouis”. Il a, par ailleurs, estimé que “la répression récente contre Mme Haïdar et les autres Sahraouis qui continuent d'appeler à un référendum sur l'autodétermination suggère que la surveillance des droits de l'homme est nécessaire et devrait être sérieusement envisagée lors du renouvellement du mandat de la Minurso en avril prochain. Patrick Leahy n'a pas manqué de rappeler les difficultés endurées par Aminatou Haïdar, notamment durant ses multiples arrestations et les mauvais traitements subis dans les prisons marocaines, ainsi que son attachement ferme à défendre le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.